Ecrits de passage

Se montrer patient.

Tu n’en as pas marre de me faire attendre ? Tu ne sais pas comme c’est dur d’être patient, alors qu’au fond de moi, je souhaite tout l’inverse. C’est une bataille à laquelle on se livre au quotidien, sans aucun public pour nous soutenir, sans adversaire autre que nous-mêmes. On vit l’absence seul, sans autre réconfort, seules des promesses sur un futur hypothétique. C’est peu à se mettre sous la dent. Moi, je n’ai qu’une seule envie, c’est que le temps passe beaucoup plus vite. Mais vous croyez qu’il m’écoute celui-là ? Non, il n’en fait qu’à sa tête. Il ricane, et bien fort. Je l’entends, mais je fais la sourde oreille. Si je me laisse aller à l’écoute, mon Dieu, vous verrez un volcan entrer en éruption, avec de la vraie lave et une hargne hors du commun.

Celui-là, ce petit mec qu’on nomme le temps, il n’en fait qu’à sa tête. Il aime altérer sa vitesse en fonction de nos attentes. Rarement, il se coordonne avec nous. Il en faut du lâcher-prise pour ne pas subir son emprise. Dans l’immédiat, il empire mon état. C’est comme si j’étais en transe, j’ai des gouttes qui perlent un peu partout sur mon corps. Une tension de plus en plus prenante s’empare de moi, j’en tremble. On dirait un drogué qui n’a pas eu sa dose. Peut-être que c’est ça, je suis un drogué qui ne le sait pas ! Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

Le mal revient au galop. Une réalisation et puis quelques secondes plus tard, je me retrouve encore en cet état des plus angoissants. Je suis censé attendre, encore et encore, alors qu’elle est à portée de main. Je me fiche des barrières, des obstacles, des masques ou de leur foutue maladie. Je suis prêt à tout, à braver vents et marées pour la sentir auprès de moi. Tout ce dont je veux, c’est elle. Qu’importe ce que son mal a dit, je veux la sentir s’installer au creux de mes bras. Voilà ! Tu es contente maintenant ? J’ai trop dit, je me suis trop dévoilé. Il faut que je m’en aille sur-le-champ, je ne voulais pas me laisser aller à la confidence. Je suis un homme, tu comprends, j’ai des sentiments, mais je préfère les garder pour moi et laisser mes actions parler. J’ai été trop impatient et mon impatience a eu raison de moi. J’ai tout dit et sans aucune retenue. Je suis las d’attendre, réduisons cette foutue distance et laissons nos cœurs à nouveau se mêler sous la lueur d’un ciel étoilé. Pour toi, tu le sais, je serai patient en espérant que mon impatience ne m’amènera pas vers un quelconque trépas.

Écrit le 17 janvier 2022.

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