Ecrits de passage

Les trésors de la terre.

Je m’émerveille face aux trésors de la terre. Ce monde revêt bien des mystères et ne cesse de dévoiler son imprévisibilité. Il est impossible à prévenir, sa pensée est si difficilement interprétable. Sans langage, lui, est indéchiffrable tant que la bonne heure ne se manifeste pas. Les trésors qu’il cache peuplent la terre. Ils se terrent et se cachent sous nos pieds, au tréfonds de l’océan, haut dans les cieux, au travers de l’inconnu, dans nos plus simples interactions. Immobiles, ils n’attendent qu’une chose ; d’être enfin découvert.

J’ai fini par accepter mon peu d’importance. Il m’est toujours impossible à comprendre le poids de mes actions ; cette force qui pousse mon corps à se mouvoir et la raison cachée derrière chaque action. Je lâche prise et ne tente plus de raisonner. Je laisse le monde s’exprimer au travers de moi sans y attacher mes envies et désirs. J’offre mon corps à ce vent qui sans cesse se déploie. Je ne suis qu’un homme qui trop souvent s’est pris pour Dieu. Mais quelle est la raison d’être de ma volonté dans un océan si vaste qu’il m’est impossible de percevoir le fond et l’horizon ? 

Quoi de plus gratifiant que d’apprendre à composer avec les imprévus de la vie, sans imposer son humeur : bon ou mauvais. Accepter les éraflures, les imprévus, les non-sens jusqu’à ce qu’enfin, ils dévoilent leur essence. Au plus, il m’est donné de vivre, au plus, je me laisse porter par l’inconnu. J’ai appris à mes dépens que ma volonté, souvent, était le fruit de mon environnement. Que mes pensées, mes désirs et mes envies n’avaient rien à voir avec moi, avec la personnalité profonde de mon personnage. Une chance nouvelle m’a été offerte : mourir au monde afin de me redécouvrir. Me défaire, me laisser déposséder de ces prétendus acquis. Accepter de n’être plus rien, de côtoyer le vide pour que puisse ressortir cette lueur qui m’habitait lors de mes premiers jours.

Beaucoup diront que le monde n’est qu’évolution, que le progrès est nécessaire. Lorsque l’impartialité me possède, je ne peux me soumettre à cette déclaration. Qu’est-ce que le progrès matériel si l’homme régresse ? Le confort n’a pas de sens si l’esprit n’est pas en paix. La réussite est illusoire, si l’homme ne suit pas sa légende personnelle. Il existe d’autres moyens d’exister qu’au travers la consommation. Pourquoi chaque jour travailler à sa mort avec le rêve illusoire d’un jour effleurer du bout des lèvres un semblant de liberté, symbole de vie, lorsqu’elle est atteignable en tout temps ? Pour s’élever, est-il forcément nécessaire d’abaisser ses frères ?

Après avoir côtoyé si longtemps ce monde complexe et sans fin, je reviens à la sincérité, à la simplicité la plus pure. Tout devient moment de plaisir. Les trésors se révèlent une fois que le cœur s’ouvre. On s’émerveille de ces petites choses, du rayon du soleil, de l’éclosion d’une fleur, du plaisirs ressenti au contact de la nature, de la fraîcheur du vent, des vagues de l’océan qui se percutent à nos pieds. Le monde moderne nous a tellement détournés des plaisirs sans prix qu’il nous est venu à penser que les plus belles choses et les plus grands plaisirs ne peuvent être gratuits. 

Ecrit le 24 février 2018.

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