Ecrits de passage

Chapitre cinquième – Sang-froid.

La relativité du temps est une notion bien mystérieuse. De courts instants partagés qui, pourtant, perdure en mon être. La vie suit son cours mais au fond de moi, une graine ne cesse de germer depuis. Même loin l’un de l’autre, je sens nos deux êtres se rapprocher.

Mon être qui, il y a peu, était encore de glace s’anime d’un feu de mille flammes. Comment garder son sang-froid lorsque le désir nous brûle? La chaleur qui, jusqu’à présent, n’habitait que mon coeur, prend possession de l’entièreté de mon être. Comme une sainte fumée, mes pensées s’élèvent vers elle et me dévorent un peu plus à chaque instant. Elles se dirigent inlassablement vers la même source de plaisir et de souffrance. A chacune de nos revoyures, je perds un peu plus le contrôle. Le nier serait mentir, au plus nous discutons et au plus je sens mon être céder sous son charme. L’attente est dur à côtoyer lorsqu’un feu passionné vous habite. Il est bien plus simple et moins bien intentionné de céder à ce qui crée tant de tumultes à l’intérieur de l’être.

L’attente aiguise le désir. Je ne sais sais si je pourrai résister longtemps à l’appel de son corps. Mes pensées sont troublées depuis et mon corps, lui aussi, n’est plus pareil. Entre chaud et froid, entre passion et désir, les émotions me prennent d’assaut. Le défi est de taille et je ne peux me permettre de trainer le pas. J’aimerais tant dévoiler le trop plein qui se cache à l’intérieur mais je ne peux me permettre de brûler les étapes. Il est clair que l’ampleur de mon désir ne fait plus l’ombre d’un doute, mais je ne souhaite céder aux plaisirs d’une simple étreinte. La profondeur de nos rencontres et la félicité qui les animent m’oblige à agir avec grandeur. Attendre afin d’élever le désir vers quelque chose de bien plus noble, attendre afin de bonifier ce qui n’est que purement physique, attendre afin que le ciel puisse nous couvrir de son Saint-Manteau, attendre afin que de deux corps nous ne devenions qu’une seule et même chair et que d’une seule chair nous redevenions deux corps unis bien que séparés.

L’attente aiguise le désir, certes, mais pas seulement. A chaque instant, l’indifférence qui m’habitait se mue en quelque chose de plus élevé. A mon grand étonnement, une flopée de sentiments ont surgi du néant. Depuis, je nage dans un océan ne sachant si le cours d’eau finira par m’emporter. Lorsque je lève les yeux, l’horizon ne semble pas connaitre de fin. J’en arrive à me demander si le hasard existe vraiment. Dans ce périple, les rênes ne me sont pas données. Je ne souhaite pas être le capitaine du navire, une union qui soit d’ici-bas ne m’intéresse pas. D’ailleurs, le choix ne m’est proposé, il s’est imposé.

Les rencontres se succèdent et la tentation est présente en chacune d’elles. L’inconnu est absolu, le mystère est total. Je n’aurai jamais cru me retrouver si rapidement en pleine mer, je n’aurai jamais cru que le ciel m’enverrai aussi promptement à l’aventure. Ma combativité est mise à rude épreuve. Mon esprit, lui non plus, n’est pas épargné. Comme pour toute création, il nous faut d’abord semer avant de pouvoir cueillir. Lorsque l’attraction est à son comble, semer devient une évidence: un mal minime en vue des bienfaits à venir. Jusqu’où cela nous mènera-t-il?

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