A la conquête de la montagne perdue – Partie III: Conquête du Arthur Seat.

Embûches après embûches, l’homme que je suis se construit. J’escalade une montagne dont je ne peux voir le bout. Escalader, monter encore et encore. Je me sens faiblir, mon souffle s’éteint. J’aimerais m’arrêter, me reposer ne serait-ce qu’un instant mais, je sais au plus profond de moi que ce n’est qu’une leurre. S’arrêter en plein effort, se fier à son corps, lui, qui ne se fie qu’à nos habitudes. Non! Je ne peux m’arrêter. Être un homme n’est pas seulement réaliser mais se dépasser. La réussite se cache dans l’accomplissement, non dans le résultat.

L’hésitation tente de s’immiscer dans mon esprit. Elle est séduisante: ses mots, ses promesses, sa voie me font vaciller. Combien de fois ai-je déjà succombé. Pourquoi la monté est-elle tellement rempli d’occasion de chute? Dans mon ascension, je suis en proie constante avec mes propres faiblesses. Elles m’entourent de toute part, tentant de me faire sombrer à chaque moment de laisser-aller. Entouré par la multitude, je ne me suis jamais senti aussi seul. A bout de force, je leur tend ma main,  leur regard me fait comprendre que nul ne sera jamais prophète en son pays. Me verront-ils un jour tel que je suis vraiment?

Si proche du sommet de la montagne, je me demande si tous mes sacrifices en valaient la peine. Je ne veux aucune reconnaissance autre que la mienne. La réussite du monde est une illusion, elle endort celui qui s’y réfugie. Faire ce qui nous fait vibrer au plus profond de nous n’a jamais été aussi difficile. Mettre notre centre à l’intérieur dans un monde qui tente de nous faire croire que tout ce qui a de la valeur est extérieur. A deux pas de la victoire, j’entends mes démons tenter de me faire rebrousser chemin. Nous sommes le fruit de nos habitudes, le choix est mien: s’écouter ou s’éteindre?

J’ai atteint le sommet de la montagne et, pourtant, je ne ressens rien. Je domine le monde de par ma hauteur mais cela ne m’apporte aucun plaisir. Je pensais y trouver des réponses et pourtant, je n’y trouve que questionnement. Seul face au monde, j’ai l’impression d’être à côté de la plaque. Je pensais conquérir la montagne et pourtant loin de mon désir, je demeure. J’ai accompli mon objectif, puis-je dire que je me suis accompli? Peut-être n’est-ce là qu’une illusion.

Sixième texte issu de la série: « Ecrits d’Edimbourg ».

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