Vivre c’est mourir.

Vivre, c’est mourir. Voilà une affirmation à faire tressaillir les bons vivants. Il est fou de se dire que la seule vraie richesse est temporelle et bel et bien limitée. Combien de vies s’éteignent avant d’avoir réellement été dégustées, sans avoir eu l’idée, l’inspiration de s’approprier le temps qui leur était proposé.

Vivre, c’est mourir un nombre incalculable de fois. La mort est permanente, présente à chaque carrefour pour tous ceux qui naviguent sur l’océan de leur légende personnelle. Chaque instant, chaque moment, décision, action mènent à une mort. Le tout est de savoir, d’être conscient que chaque mort peut soit nous élever, soit nous abaisser. Toute action peut donner naissance deux types de fruits : sain ou pourri. Il n’appartient qu’à nous de décider où nous souhaitons nous élever.

Vivre, c’est mourir, mais alors à quoi bon vivre ? Y a-t-il un sens à la vie, une raison à cette survie incessante dont nous sommes victimes et acteurs ? Victimes, car soumis à un système depuis notre plus tendre enfance sans pouvoir s’en extraire, acceptant ainsi une réalité qui nous éloigne de notre profonde nature. Acteurs, car produit d’un système aliénant que, sans le souhaiter, nous faisons vivre. La prise de conscience de notre environnement et de ses racines venimeuses, nous amènerait-elle à la liberté d’esprit, la liberté de vie et de vivre. Vivre et mourir pour un but qui nous dépasse, n’est-ce pas cela la vraie liberté ?

Si vivre, c’est mourir, serait-il possible que mourir nous fasse vivre ? Chaque instant est une occasion de mourir à soi-même et de renaître en quelque chose de plus grand. Seule la mort permet la prise de conscience et par-dessus tout, son élévation. Il n’y a guère de bon ou de mauvais chemin, simplement des chemins menant à différentes morts, à différents états de conscience, à différentes réalités.

Si vivre c’est mourir, je choisis chaque jour de mourir, car il n’y a pas de plus belle vie que celle remplie de morts. Elles nous rappellent notre petitesse, nos faiblesses, nos lacunes et à quel point nous ne sommes qu’hommes afin de se souvenir que le but final n’est pas de devenir quelqu’un, mais de s’oublier pour, paradoxalement, s’élever.

Ecrit le 23 octobre 2017.

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