Ecrits de passage

Viles espérances.

Notre monde s’effondre. Briques après briques, tout s’écroule. La perfection n’a jamais été notre fort. Malgré les assauts de la vie, nos murs sont restés de marbre. Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Dans notre royaume, ton absence s’est fait ressentir. Tout s’équilibre lorsque nos mains se fondent l’une dans l’autre. Dis moi, depuis combien de temps négliges-tu la mienne? Affaibli, un roi n’est rien sans sa reine.

Les assauts ne sont que des épreuves. Notre élévation a toujours été ma préoccupation. Les mains vers le ciel, tentant de donner vie à tes envies, j’ajustais les voiles de notre navire. Croyant en ta bonne volonté, je t’ai confié les clefs des murs intérieurs de notre domaine. J’ai cru que tu souhaitais tous les deux nous voir accomplis. J’ai cru que tu souhaitais que nos aspirations se marient. Aveuglé par tes charmes, je n’ai pas vu tes yeux convoiter ma couronne. Il ne peut y avoir deux rois dans un royaume.

Aucun combat n’est vain, aucune situation n’est insurmontable. Je t’ai confié mes rêves, mes armes, mes larmes. Ma voix s’est éteinte à travers tes désirs. Comment résister aux assauts extérieurs lorsque le combat est à l’intérieur des murs? Tu as souhaité me voir dépouiller de ma couronne, tu as souhaité me voir mourir à toi.

Qu’importe que tout s’effondre, tant que notre amour reste de marbre. Ma couronne n’a pas de sens si elle n’est pas partagée. Dis moi, pourquoi cours-tu au loin? Je te vois partir, sans dire mot, sans même regarder tes arrières. Mon coeur se fige, mon corps s’effondre. Serais-je en plein rêve? L’incompréhension me gagne. Lorsque la sincérité est mise au coeur, le rejet détruit. Les yeux mouillés, mon regard pointe vers le ciel. « Seigneur, dites-moi que tout cela n’est pas réel !» Lorsque la vérité surgit, la négociation perd tout son sens.

Dans le feu, dans les flammes, j’ai tenté d’apporter un brin de lumière. Eclaircir les zones d’ombre, boucher les trous qui font que l’eau envahit notre territoire. J’ai tenté de toucher ton coeur, je l’ai mis au défi. Contrairement à nos murs, à mon étonnement, il est resté de marbre. Enseveli sous les décombres, l’espoir ne me quitte pas. A quoi bon espérer lorsque toutes tes actions me montrent une réalité qui ne m’inclut pas. Sans couronne, sans royaume et sans reine, de viles espérances m’assaillent.

Sixième texte issu de la série: « Le silence de Glencoe ».

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