Ecrits de passage

Un bienheureux renouvellement.

L’heure sonne. Je me demande comment il fait pour être autant en forme, ce foutu réveil. Il aime ça, on dirait, nous titiller dès le matin. On ne peut pas trop lui en vouloir lorsqu’on sait qui l’a réglé le jour dernier. Une fois encore, je me lève difficilement, pourtant, il y en a des choses que j’aimerais faire, mais une force qui me dépasse me maintient couché. Je ne sais pas d’où elle vient, ni ce qu’elle me veut. À vrai dire, je me doute bien qu’il ne doit simplement s’agir que d’une bien mauvaise habitude trop souvent réitérée.

Pour tout vous dire, bien qu’en apparence, ce jour se lève comme n’importe quel autre, j’éprouve une lassitude. J’en ai ma claque de subir ainsi ma vie. Des rêves, j’en ai eu tout plein jusqu’ici et si peu qui se sont réalisés. J’ai comme perdu le souffle en cours de course, une fatigue soudaine s’est emparée de moi. J’ai perdu l’envie d’avoir envie. J’ai même commencé à rejeter la faute sur un mal invisible comme vous avez pu le lire au commencement de ce texte. Il m’est devenu insupportable de m’entendre me plaindre sans amorcer un changement. À tout, il y a une raison, un quelque chose qui y mène. Si on manque la cible, c’est peut-être que l’on n’en avait aucune, du moins aucune de clairement définie. De toute façon, il faut qu’on lui donne la permission à ce foutu mal qu’on aime s’inventer, pour qu’il puisse nous affecter. Et s’il y arrive sans notre bon vouloir, c’est peut-être qu’on a encore des choses à régler en nous-mêmes.

Avec le temps, on se rend vite compte que tout se développe : la volonté, la discipline, la force. Il est souvent question de réitérer une action un nombre probant de fois pour qu’un changement perceptible se manifeste. Répéter encore et encore jusqu’à ne plus avoir à penser, mais à simplement laisser le corps faire. Pourquoi s’adonner à la souffrance de la discipline lorsque la vie peut être si jouissive sans se donner ce mal ? Tout simplement, car un plaisir désordonné n’apporte satisfaction que durant un certain temps. On ne peut éternellement se laisser aller à nos mauvais penchants sans en ressentir un mal-être. Le but de la vie n’est pas de jouir sans lendemain, mais de construire sans passé, dans le présent.

Pour mener une pareille tâche, il semble nécessaire de soumettre la chair à l’esprit. Un bien difficile exercice lorsqu’on se rend compte que l’on a passé une vie entière au service de notre chair plutôt qu’à celui de notre esprit. Il est plus aisé de tendre la main et de manger que de retenir cette envie envahissante pour une récompense plus tardive. Un nombre incalculable d’efforts et d’essais sont nécessaires pour y parvenir. Patience mon ami, il en faut du temps et de la constance. C’est ça la vie, on n’a rien sans rien.

De toute manière, peut-on prétendre à la liberté véritable lorsque l’esprit ne domine pas encore la matière ? Vous savez, je vais me confier à vous. Je suis las de mes faiblesses, je suis las de l’homme qui se prétend fort en agissant faiblement. Je suis las de n’être qu’un amas de chair sans conscience pour le conduire. Je suis las de voir mon esprit sombré dans les désirs sans sens et si peu grandissant de la matière. J’ai ce désir ardent de me combattre, de mener ces innombrables batailles envers moi-même, une fois encore. Car, oui, c’est un combat que j’ai entrepris voilà bien des années, mais que j’ai mis de côté à force de roupiller. N’est-ce pas un temps idéal pour opérer un changement ? Alors que la nouvelle année se lève, travaillons à un bienheureux renouvellement au sein de nous.

Écrit le vendredi 31 décembre 2021.

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