Trois dernières pages.

Si peu de pages, dans mon carnet d’écriture, sont encore blanches. Pour tout vous dire, même si le titre me trahit, il n’en reste plus que trois. Trois misérables feuilles blanches légèrement jaunies précédant une couverture d’un brun clair en bouchons de Liège, du moins d’apparence. Elles n’attendent qu’une seule chose, devenir aussi remplie d’inspirations que les précédentes.

Vous savez, il m’est encore difficile de réaliser que cette année a vu trois carnets entiers se remplir de mots en tout genre. Je n’arrive pas à comprendre d’où me parvient une telle inspiration. C’est un mystère qu’il est vain, je pense, de tenter d’élucider. C’est comme si l’inspiration venait à moi, qu’elle cherchait désespérément une personne ouverte pour s’inscrire en sa plume et se dévoiler usant des mots et de l’histoire de l’intrépide avec qui elle se lie.

Comment en tirer une quelconque fierté ? Si le travail seul y avait mené, peut-être m’autoriserais-je une telle folie. Toutefois, l’humilité me semble une valeur plus admirable à posséder. D’ailleurs, peut-on vraiment prétendre être les seuls auteurs de nos œuvres ? Tant d’histoires, de conversations, de lectures, de rencontres et d’aventures nous ont façonnés, sans oublier ces influences que la mémoire oublie, mais que l’âme retient, influencée par elles depuis.

Ainsi, la vie ne nous demande que peu d’habilités ; la constance, la sincérité et l’ouverture à un langage sans mot. La ténacité couplée à la patience suffit à toute œuvre. Qui chaque jour œuvre à sa tâche finit par en maîtriser l’usage. On finit toujours par se fondre avec ce sur quoi on pose quotidiennement son regard. Il n’y a pas de mystère, uniquement du bon sens.

Je ne sais guère où me mènera mon prochain carnet, ni quelle inspiration ou génie me sera assigné. Sachez pour tout potage que je n’aspire qu’à un unique but ; l’élévation en offrant un peu de ce ciel qui couve ma tête et m’inspire quotidiennement.

Écrit le mardi 14 décembre 2021.

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