Je ne peux pas le cacher, ça me rend grave triste de te savoir malade. C’est si vite arrivé, on venait à peine de se rencontrer. Pourtant, c’est habituellement à ce moment-là que tout est agréable, que tout est exaltant. On s’affole pour pas-grand-chose lors des prémices. On retourne un peu en enfance et un rien nous émerveille. Je repense à la première de nos rencontres, tu y aurais cru toi, qu’on puisse autant s’entendre ? Je suis le premier étonné, étonné aussi de l’aisance que j’arborais. Ça m’est rarement arrivé, de m’exprimer avec une telle facilité. Peut-être que tu y étais pour quelque chose, peut-être que c’était ton essence qui m’a permis une telle aisance.
Ce qui me chagrine le plus, c’est de ne pas te voir. Ça m’embête d’une manière folle, tu ne peux pas t’en rendre compte. Je ne sais pas d’où ça me vient cette effusion de sentiments, je ressens un trop-plein qui m’est difficile à contenir. Je dois te le dire, te l’exprimer, mais tu es si loin, si inaccessible. Tu ne penses pas qu’on puisse braver les interdits, faire fi de ta naissante indisposition et de se permettre de jouir du plaisir d’être tout bonnement réuni ?
Dans le fond, je n’en demande pas plus. Ça peut te paraître énorme à toi, c’est vrai que tu crèves sous la fatigue. N’aie pas peur de ce que tu pourrais me faire, je l’accepte volontiers. C’est le manque de proximité qui finira par me tuer, pas une grosse grippe, qu’importe ce qu’ils disent de son atrocité. La vie, c’est une expérience qu’on ne connaît qu’une seule fois. Soyons fous, vivons là sans retenue !
Moi, j’en avais des plans pour nous deux. Je ne te l’ai jamais dit avant, c’est vrai, mais je n’aime pas ça moi, de me dévoiler. Je suis pudique, même s’il m’arrive d’avoir une grande gueule par moments. Tant que je ne me prends pas au sérieux, ça va, mais quand je perds cet état, … Je n’ose plus dire un mot. Bon, c’est vrai que ces plans n’étaient pas des plus fous, mais on était ensemble, l’un avec l’autre. C’est tout ce que je souhaitais moi, être avec toi. J’en avais ma claque de me servir d’un outil autre que ma parole pour communiquer avec toi. À partir d’un moment, se lire et s’écrire ne suffisent plus, un besoin de beaucoup plus naît.
Et puis, tu sais comment ça se passe en général. Je ne t’apprends rien en te disant que lorsque le temps et la distance s’installe, le reste a tendance à s’envoler. Ça me fait peur ça, pas toi ? Il suffit d’un temps relativement court et on commence à se regarder au travers de nouvelles lentilles. La réalité que l’on connaissait dorée, change de bout en bout. Ça commence tout doucement à s’assombrir jusqu’à devenir entièrement noir, si l’on ne fait rien. Le temps passe et la relation devient comme un fruit qu’on a trop tardé à consommer, elle pourrit !
Tu comprends maintenant mes angoisses ? Ça m’embête d’avoir à les expliquer à haute voix. J’aurais préféré les taire et que tu les comprennes comme une grande. C’est mon côté mec ça, je préfère attendre plutôt que d’exprimer ce qu’il se passe au fond de moi. Tu ne peux pas m’en vouloir, surtout que maintenant, je fais le pas. Imagine l’effort ! Si je prends le risque d’autant me dévoiler et m’exprimer, c’est qu’il y a quelque chose de réel derrière. Ce n’est pas de la fiction, non, c’est du vrai ! Ce qui me ronge parfois, c’est le fait de me dire que je n’aurais peut-être pas dû attendre si longtemps. J’aurais dû foncer tant que je t’avais devant moi, et croquer la pomme. J’en avais envie moi, mais j’ai préféré jouer et laisser les choses monter. C’est plaisant de jouer avec le feu, de l’alimenter et d’un peu se brûler. J’aime ça moi, je suis comme un grand enfant même si je le regrette amèrement. J’espère simplement ne pas m’être trompé. On pense écouter notre instinct et c’est notre fin que l’on définit.
En ce moment, j’ai le sentiment que la situation m’échappe des mains. Je me trompe peut-être, mais je ne sais pas. Un sentiment grandit en moi, celui de te voir prendre de la distance pour du bon. Ce n’est pas une sensation des plus appréciables, ça me fait même mal de l’écrire comme ça. Je n’ai pas trop le choix, alors je fais avec, en gardant cette peur de voir la fin se pointer plus rapidement que je peux l’imaginer, sans avoir connu le plaisir de réellement te connaître. Ça me fend le cœur, j’avais vraiment le sentiment qu’on se comprenait tous les deux, mais qu’est-ce tu veux, c’est la vie, c’est comme ça. On n’a pas toujours ce que l’on souhaite, alors on fait avec ce que l’on a comme disait mon grand-père. Fais ce que bon te semble, moi, je t’observerai de loin, dans mon coin, le cœur à la main.
Écrit le dimanche 17 janvier 2022.