Sur la route de l’imprévu.

Le dos droit, la démarche assurée comme faisant face à une sentence, sans pouvoir détourner le regard, courber l’échine, ni rebrousser chemin. « Au-devant ! » crie le cœur, tressaillant comme si chaque pas pouvait être le dernier, comme si chaque dalle pouvait être minée. À quoi bon te soucier des alentours, de tes arrières, de ces détails futiles dont tu aimes tant te distraire, alors que le pendule s’arrête un peu plus à chaque inspiration ?

Vois-tu, tu marches comme si la mort n’avait aucune prise sur toi. Ne l’entends-tu pas, pourtant, crier sans relâche, se manifester sans cesse ? Aurais-tu oublié tous ceux qui sont tombés avant toi, tous tes frères disparus ? Je t’observe sans mot dire, sans te rappeler le besoin de lever les yeux, surtout lorsque tu t’abaisses ou trébuches, comme n’importe quel autre enfant. 

Je t’observe, le cœur saignant, tel un père qui sait qu’il faut parfois se perdre pour apprendre à se retrouver. Être adulte, être un homme, ne se mesure ni aux erreurs, ni au temps perdu, ni aux cicatrices, mais à la force de retrousser ses manches, quels que soient l’épreuve, les blessures ou le poids des illusions, sans perdre une once de foi ni remettre le jugement en question.

Ce que je m’efforce de faire, c’est t’aider à polir tes dons et à transformer tes failles, pour que chaque épreuve cesse d’être une occasion de chute et devienne prière vers un meilleur ciel. Sur la route de l’imprévu, rien n’est hasard, rien n’est figé. Ce n’est qu’une toile, offerte à l’attente d’un artiste assez fou pour se défaire de lui-même et s’offrir au blanc infini qui siège au coeur du tableau et souffle :

« N’attends plus,
ne cherche plus :
sois. »

Écrit le 17 août 2025.

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