Roi sans couronne.

Roi dans mon château, j’entrevois, au loin, derrières terres et mer, la terre d’où je suis issu. Quel périple parcouru jusqu’ici. L’inconnu comme destination, la Foi comme moteur, j’ai élevé les murs de mon royaume. Construire là où tout a été ravagé comme pillé par barbares et sauvages. Trop longtemps latent, je me suis laissé mourir. En mon royaume ne pas être équivaut à être esclave. Roi sans couronne ma parole n’a de poids face à celle d’autrui.

Edimbourg, ta flamme m’a ravivé. Symbole ou plutôt occasion d’éveil, tu m’as permis de voir à travers illusions et complaisances. La réalité n’est pas immuable, tout peut, à chaque instant, changer. J’étais un infirme: Muet car ma voix était éteinte, sourd car mon écoute était externe, aveugle car je me complaisais dans une réalité factice.  L’aventure appelle l’aventure tout comme la vie appelle la vie. J’étais mort et maintenant, je vis. Je ne peux retourner en arrière. Retourner d’où je viens pourrait être une occasion de chute, un retour au cimetière mais fuir n’a jamais rien résolu. Bien des épreuves dont je ne peux me dérober m’attendent encore.

Cette quête m’a forcé à m’élever m’amenant à refuser à d’autres d’être roi en mon royaume. Je me suis séparé de mon chapeau de paille pour enfin revêtir la couronne qui me revenait de droit. Paysan devenu roi, la conquête commence d’abord par soi même. Nul ne peut être dans ce monde s’il n’est d’abord en son monde. Roi en mon royaume, je suis conscient d’être loin de l’accomplissement. Avant de pouvoir m’élever, il me faudra m’imposer à travers combats, renonciations et ouvrages.

Sur les remparts de mon royaume, je guette, canons armés. Le vent me souffle à l’oreille que mon périple ne s’arrêtera pas ici, qu’il me faudra bientôt reprendre la mer et revêtir mon armure. J’ai, désormais, une plume pour arme mais avant qu’elle ne soit tranchante, il me faudra encore m’affûter.

Huitième texte issu de la série: « Ecrits d’Edimbourg ».

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