Ecrits de passage

Retrouver le souffle.

La liberté, que représente-t-elle pour l’homme moderne ? J’ai longtemps cru l’être, être libre de mes pensées et de mes expressions. Un récipient dont la forme, jamais, n’avait été modelée par une entité autre que lui-même. J’aimais penser cela de moi, me voir comme un verre translucide, reflétant seulement la beauté du monde, l’essence des profondeurs de mon cœur. Il faut avoir vécu pour prendre conscience de qui nous sommes, et mourir souvent pour que s’opère un changement. Je sais que je ne suis que la résultante de mon environnement, formé depuis mon plus jeune âge par le journal, la télévision et ce qu’on appelle l’éducation. Comment pourrait-il en être autrement ? On finit par adhérer à tout ce qui nous entoure, à tout ce qui finit par nous apparaître comme normal.

Penser est un luxe, régulièrement réprimé. La différence oui, lorsqu’elle peut être contrôlée. Je m’en rappelle, je porte encore les séquelles des remarques des autorités me rappelant de rester dans les rangs, que le dernier mot n’appartient pas à la vérité, mais à celui qui tient les clefs. Se rebeller ? À quoi bon, tu finiras oppressé, diminué, et même rejeté. Curieux, n’est-ce pas, dans une société qui prétend prôner la liberté d’expression, l’égalité et la justice à tout bout de champ ?

J’entends beaucoup parler de vérités, mais aucune preuve jusqu’ici ne m’a été dévoilée. Je m’en remets au bon sens, à défaut de posséder autre chose. J’ai envie de croire, d’espérer en demain. Lorsque je prends le temps d’observer le monde, j’ai le cœur qui saigne. Il saigne du mensonge, des abus, du non-sens, de la dépravation du genre humain. Je sais, on nous dit que la vie n’était pas meilleure avant, mais est-ce bien vrai ? Cela fait une vie entière que je cherche une raison pour sourire, un sens dans toute cette folie. Le confort a évolué, certes, mais à quel prix ? Les corps sont mis en avant, mais qu’en est-il des âmes ?

Libre de consommer, d’accepter l’autorité, de ne point se questionner et de vivre comme il l’est dicté. Une prison dorée dont le nom seul évoque un sentiment de légèreté. Pour le reste, je préfère ne pas me prononcer. J’aspire à plus de joie que la mort de mon être intérieur qu’induit ce monde dont la consommation et l’excès de stimulation des sens prédominent. Retourner en cet état d’enfance, alors que la simplicité nous remplissait et que la joie se faisait sentir jusqu’à rayonner dans le cœur de ceux qui nous voyaient. La liberté du Coeur, en son expression la plus vraie. Voilà ce qui me parle, ce qui me fait retrouver le souffle.

Écrit le 27 janvier 2018 à Glencoe. – Réécrit le 31 mars 2022.

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