Ecrits de passage

Pour que la nuit ne nous éteigne plus.

J’en veux au monde. Oui, à toutes et à tous. Au monde visible, à celui que l’on oublie trop souvent, l’invisible. J’aimerais, de mes mains, les attraper, les secouer et crier à gorge déployé toute la rancœur accumulée depuis que mon premier crie s’est fait entendre. Je veux qu’ils sachent les douleurs, qu’ils ressentent les peines, qu’ils entendent les plaintes. Combien de fois m’est-il arrivé de vouloir en terminer, de couper, comme le cordon jadis, ce lien devenu invisible qui me lie à la vie ? Tout jeune déjà, je n’en comprenais pas le sens. Je souhaitais que passe le temps, plus vite, pour en voir la fin. Quel est le but auquel tendre, la finalité de cet éternel recommencement ? Trente années plus tard, rien n’a changé malgré les belles années d’insouciances et celles desquelles l’envie de réussite dominait mes pensées. La boucle, une fois de plus a été bouclée, et le questionnement demeure similaire… vanité, vanité, tout n’est que vanité. 

Voilà, le mal est sorti. Il a osé s’échapper en un bref soupir dévoilant par cet exercice l’antidote. Trouver sens. Mais comment trouver réponse à une telle quête ? Partir. Oui, ouvrir les portes fermées, celle que la vie, par ses épreuves et ses expériences, a scellées. Partir à l’aventure défaisant ainsi les liens créés depuis le commencement. Marcher, un pas après l’autre, vers l’inconnu, l’illuminant par la lumière de l’expérience. Découvrir, de nouveaux mondes ouvrant par cette quête ma piètre perspective. C’est en grandissant que l’on se rend compte de notre petitesse. Expérimenter, sans arrière pensées comme un nouveau-né émerveillé par les possibilités infinies qu’offrent l’existence. Tomber, se rappelant par ce mal que rien n’est éternel et que le bonheur ne prend sens que lorsqu’un malheur nous arrive. Recommencer, encore et encore, jusqu’à percer à l’aide du ciel l’inconnu qu’est la vie. Le sens n’est peut-être pas celui que l’on pense. Sur terre rien ne dure, tout chose qui naît, naît avec une date de péremption. Peut-être que nos yeux ne voient pas assez haut, obnubilé par les artifices du monde moderne. Faut-il porter le regard vers le ciel et au-delà pour que la lumière nous gagne et que la nuit ne nous éteigne plus? 

Écrit le 17 novembre 2023.

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