Ecrits de passage

Peur de combattre.

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L’épée dans le fourreau, le bouclier dans la main gauche, le heaume masquant une tête pleine de rêves. Mes yeux brillent de mille feux pourtant l’horizon n’a rien d’éclatant. Le corps complètement ancré, je suis tout sauf présent. Mes pensées m’amènent à découvrir un monde qui bien qu’existant n’existe pas encore. Des émotions et des sensations inondent mon corps. Mon coeur bat à la chamade, mes mains deviennent moites, ma respiration s’alourdit. Je me vois vêtu d’armes et d’armures combattant jusqu’à ce que mort s’en suive pour une cause qui dépasse de loin ce qui anime les batailles de notre temps. Mon coeur rayonne, ces images ne le laissent pas indifférent. Vérité d’hier, d’aujourd’hui ou de demain, personne ne le sera. En mon for intérieur, je sens un feu qui s’anime. Rêve ou songe, illusion ou réalité, fuite ou destin? L’interprétation de la psyché m’est inconnue et qu’importe le sens, je sens qu’en moi quelque chose de plus profond s’illumine.

Je vis dans un monde qui livre un combat perpétuel. Entre être et devenir, il y a un gouffre. Entre la pensée et l’action se cache un monde. Mes rêves me démontrent que la réalité n’est qu’une vaste illusion. La réalité m’enseigne qu’elle est tel un élastique qui s’ajuste à la force de ma pensée. Les illusions m’amène à la réalisation que l’impossible n’est bien souvent qu’une simple pensée. La tête pleine de rêves, comment se fait-il qu’ici-bas je suis tout sauf existant?

Mes actions divergent de ce que ma pensée aimerait. Un gouffre sépare ce qui est et ce qui emplit l’intégralité de mon esprit. Ma réalité ne reflète pas l’intérieur de mon être. Un ingrédient est manquant. La peur s’est immiscée depuis un long temps en moi. Je ne peux pas imaginer le présent à venir d’une manière hors-du-commun. Ma peur m’amène à accepter l’acceptable et à refuser ce qui sort de l’ordinaire. Je vis dans une réalité délimitée par mes craintes. Je ne peux exceller, je ne peux exister. Comment construire lorsque l’esprit ne voit pas le potentiel dans ce qu’on appelle à tort l’erreur?

L’erreur borde mon chemin depuis mon plus jeune âge. A force de la côtoyer, en serais-je devenu une? La peur de combattre m’assaille. L’erreur n’a pas sa place en ce monde, seul la perfection peut se permettre d’exister. Plus j’échoue et plus je sens que je m’éloigne du commun des mortels. On me juge sur l’apparence ne voyant pas le sang qui coule le long de mes yeux, des profondeurs de mon coeur, des extrémités de mon corps. Ma gorge porte un gout amère, le fer y a élu sa résidence. Par peur, je n’ose plus agir. Par crainte, je n’ose plus prendre part au combat qui pourtant est le mien. De quoi ai-je donc si peur? Serait-ce du regard, de la honte, du jugement ou de ce que je pourrai advenir en affrontant la nuit? Je ne sais pas pourquoi la peur emplit autant ma personne mais je ne peux me permettre de continuer à la côtoyer. La vie se trouve de l’autre côté du précipice, elle se trouve de l’autre côté de la peur. Si mort il doit y avoir, qu’elle soit. Il n’y a de mérite à vivre une vie sans combat, il n’y a de saveur à savourer un festin que l’on n’a pas chassé de ses propres mains.

Les excuses ne sont rien d’autres que ce qu’elles sont: des prétextes. Vient un moment où le mensonge ne peut plus perdurer. Vient un temps où le fruit est amené à murir et où le guerrier se doit de sortir de son sommeil léthargique. Les armes ne sont pas faites pour rester indéfiniment cachées en leurs fourreaux. Il y a un temps pour la paix tout comme il y a un temps pour la guerre. Il est utopiste de croire que le monde est statique. La paix n’est rien d’autre qu’une trêve avant un nouveau combat. Tout homme est un jour appelé à lever la tête et à crier du fond de ses tripes ce pour quoi il a été amené ici-bas. Mourir n’a de la valeur que s’il y a eu combats. Vivre n’a de valeur que s’il y a eu morts. L’homme n’a de valeur que s’il est mort en ayant mené le bon combat.

Le bon combat est bien souvent caché de l’homme, préservé par une main divine. Il se cache de l’autre côté de la rive, là où tout est ardu. Il faut être prêt à aller en enfer pour espérer un jour voir le paradis. La victoire n’est pas toujours accessible et là demeure encore un mensonge qui régit ce monde car la seule victoire est celle qui se cache à l’intérieur: la victoire sur soi. La peur n’est rien d’autre qu’une excuse poussant à l’inaction. Il n’y a de temps pour la procrastination. L’heure tourne que l’on soit présent ou absent, mort ou vivant. Le monde n’a guère besoin de nous pour persister. La peur empêche de sortir de l’habituel, de l’ordinaire. En outre, elle empêche la présence d’esprit. La réalisation est hors des sentiers battus. Il faut être prêt à perdre le contrôle pour trouver la voie cachée, celle qui ne s’ouvre que lorsque l’esprit est complètement éteint, pleinement présent. La peur de combattre n’a de raison d’être. D’ailleurs, elle n’est rien d’autre qu’une illusion issue du monde. En réalité, je vous le dis, elle n’existe pas pour celui dont l’inspiration est sans faille.

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