Ecrits de passage

Mort de la différence.

Voyager, c’est se confronter à la différence. Face à l’inconnu, notre ego est réprimé et laisse naturellement place à notre coeur d’enfant. Un enfant sans ego, sans besoin de savoir ou de connaissance autre que l’application de la pleine présence. En phase avec notre être intérieur, la diversité peut nous atteindre.

La différence bien qu’elle peut déplaire est nécessaire. Elle écarte autant qu’elle assemble. Elle plait autant qu’elle déplait. C’est grâce à sa présence que le progrès et les changements peuvent s’opérer. La diversité pour peu qu’elle existe encore est une forme de richesse.

La mondialisation du monde actuel est comme un frein à l’évolution. Elle amène à une pensée unique ainsi qu’à une certaine unicité du monde. Aux deux hémisphères, tout est désormais semblable: un fast-food domine la montagne laissant la concurrence populaire se noyer. Ici ou ailleurs, tout est devenu similaire. L’adaptation n’existe plus ou plutôt, devrais-je dire qu’elle n’existe qu’à très petite échelle. Les a-priori véhiculés par la pensée unique et ses médias nous empêchent de vivre pleinement les expériences qui se proposent à nous. Notre vision est complètement biaisée. Nous ne vivons plus par notre propre pensée mais par celle qui nous est dictée.

Dans ce petit village où j’ai largué les amarres, au milieu des montagnes, des plaines et de la faune, la vie est régulée à l’image d’une grande métropole. Il n’y a aucun magasin local propre à la région si ce n’est le centre touristique. Une supérette d’une grande enseigne vendant des aliments, des fruits et des légumes qui ne poussent pas sur cette terre d’Ecosse, occupe toute la place. Quelles sont les saveurs et différences de cette contrée? Ses habitants les connaissent-elles encore? Quelle différence y a-t-il entre cette ville et celle dont je suis issue si ce n’est le nom des enseignes? Cela me chagrine. La diversité et la différence, vecteurs du changement positif et de l’évolution du monde se meurent. Ici, dans un pays étranger, au milieu de nulle part, j’assiste à la mort de la différence. Si l’unicité devient mère, dites-moi, à quoi bon encore voyager?

Dixième texte issu de la série: « Le silence de Glencoe ».

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