Lorsque la voix s’éteint.

Je marche sur un chemin de verres. Mes pieds souffrent sous l’effet de la glace qui les pénètre. Il est si dur d’avancer sur un chemin qui est éloigné du sien. Les codes de cette vie me sont si étrangers, il m’est si dure de m’y conformer. J’envie ceux dont la compréhension de ce monde est aisée, qui arrive à pleinement jouir sans sentir de culpabilité, de s’y soumettre sans souffrir de la brûlure de cette chaîne autour du cou. J’ai tenté de faire le bien. J’ai troqué mon bon sens pour la bonne action. Le mieux étant l’ennemi du bien, j’ai fait le mal. Je me suis oublié pour exister dans une réalité qui n’était pas mienne. Je me suis vidé, donnant toute mon essence sans savoir qu’un jour, j’en serai à court.

Aujourd’hui, la peur m’accable. Elle est si confortablement installée et s’exprime en douleur à travers mon estomac. Je suis comme paralysé, je n’ose agir. Il m’est si dure de sortir du chemin duquel je me suis engagé. Tant de promesses dites, qu’il est dure de s’en défaire et s’en aller. Je sais pourtant quelle est la bonne action et pourtant, je me laisse corrompre par mon désir de bien faire. Au plus, je continue sur cette route étrangère, au plus, je meurs à moi-même.

Je ne peux continuer à suivre cette voie. Je n’en peux plus de ces mensonges constants, de ces positions prises qui m’éloignent de moi. J’ai le profond désir d’être vrai, d’affirmer ma réalité et donner vie à ce qui brûle au fond de moi. J’ai ce désir fou d’éprouver du plaisir et de la fierté en me regardant droit dans les yeux au travers de ce transparent miroir, bien que je sois encore loin de tout accomplissement.

Mon avenir se trace sans que je ne puisse le définir. Je ne suis plus aux commandes depuis que je lui ai légué mon cœur. Des milliers de remords m’attaquent. De mon essence, je me suis lentement séparé. Coupé de ma voix profonde, je n’ai plus de résonance en ce monde. J’ai payé un lourd prix, inconscient que j’étais, pour la garder auprès de moi. Je pensais au futur oubliant qu’il se construit dans le présent. À force de se taire, on finit par ne plus exister.

Qu’importent les événements de la vie, je ne suis plus présent. J’ai troqué mon âme pour un peu d’amour. Je ne l’admettrais jamais, tout comme elle, mais dans le fond, depuis le début, je le savais. Pourquoi ai-je quitté le siège du capitaine sachant pertinemment que la seule destination possible était la chute ? Depuis, mon être crie. Mon corps se révolte, mon esprit revient à la vie et doucement, mon amour s’estompe. J’ai vu dans ses yeux le peu d’intérêt, la malice qui pouvait exister lorsque à ses côtés, je coulais. Qu’il était dur de la voir me regarder sans bouger, continuant son chemin comme si nous n’avions jamais existé. Fou, j’ai été. Complètement fou d’avoir abandonné mon trône pour être à ses côtés.

Une plaie béante ne cesse de s’élargir en moi. La douleur de s’être abandonné sans le vouloir, sans le savoir. La peine de la désillusion, d’avoir voulu croire qu’avancer en symbiose l’emportait sur l’avancement personnel. Toute douleur est salvatrice, elle ramène à l’essentiel et pousse à une compréhension plus profonde. On se découvre dans le mal, on s’apprend dans la douleur. Comment savoir à quel point il est important de penser à soi, si l’on ne s’est jamais perdu ?

Ecrit le 24 décembre 2017.

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