Ecrits de passage

L’homme d’hier.

Ecrit le 13 juillet 2019.

Les temps s’achèvent de même que les souvenirs qui persistent de nous. Je ne suis plus l’homme que j’étais. Le monde a changé de sens sans que je m’en sois rendu compte. Je sais qu’à tes yeux, j’étais le démon vivant dans ton paradis. La mauvaise herbe qui ne cessait de pousser entre les roses et les jonquilles. La parole de raison qui chasse le charme de l’amour. Le prince charmant devenu crapaud. 

De l’eau a coulé sous les ponts. Les illusions sont tombées bien que demeurent la mémoire d’un passé quelque peu glorieux. Le temps n’efface jamais totalement les vestiges du passé. Il aide à les accepter sans que le coeur ne saigne encore. Le mien revient petit à petit à la vie même si, je le sais, il ne sera plus jamais pareil. A chaque aventure, une partie de nous s’envole rejoindre des terres qui nous sont encore inconnues. Peut-être est-ce là un avant goût de la mort, un avant goût de la vie véritable.

Au fond de moi, je me dis qu’il n’y a de plus belle poésie que celle qui chante l’amour, le désir ou la passion, qu’il n’y a de plus bel hymne à la vie que l’aventure qui pousse l’homme à voir au-delà de lui-même, qui le pousse à offrir au monde plus que sa propre personne.

L’avenir est à l’image de la brume : invisible pour qui se trouve à ses côtés. Ainsi en est-il de la vision que je porte au futur. Je ne sais si derrière ce temps se cache les desseins de Dieu. Ce qu’il m’est impossible de nier est que l’air m’est devenu difficile à respirer, que la vie me quitte et que le monde s’éloigne un peu plus chaque jour. Je ne pense plus y avoir une place. Il m’est impossible d’entrer dans une case comme je pouvais le faire auparavant.

Notre rupture marque ma rupture avec ce monde que jadis j’enviais encore, ces désirs qui n’étaient miens mais que je ne cessais d’entretenir. La solide corde qui me tenait attachée, à ton départ, a été définitivement brisée. Les illusions, toutes, se sont envolées, comme une multitude de papillons face à la fougue de jeunes enfants courant à leur rencontre. Notre temps ensemble s’achève, tout comme l’homme que j’étais hier encore.

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