Ecrits de passage

Le poids de nos erreurs.

Je ne sais pas s’il faut en être fier ou en avoir honte, mais ce qui est sûr, c’est que l’on vit avec le poids de nos erreurs. Du moins, on essaye tant bien que mal de maintenir le cap. On dérive toujours un peu même lorsqu’on essaye de ne pas se laisser aller à la rêverie. Ça nous marque d’un poids énorme sur les épaules, nos pauvres épaules rougies sous l’effort, d’assumer ces choses que l’on commet avec le corps sans que le cœur ne suive le mouvement. J’en grince des dents, ça me tend rien que d’y penser. Des fourmillements me parcourent par milliers, j’ai l’impression d’avoir laissé une porte ouverte à la folie. En plus, j’en ai encore le goût dans la bouche, ce sentiment nauséeux partout dans le corps comme si un mal m’habitait et que mon corps se débattait pour l’extraire.

On n’est que des humains, on a chuté dès le commencement à en croire les écrits. Pourquoi on se martèle et se flagelle de la sorte alors que l’on sait que c’est inscrit de notre ADN ? Il faut une grâce énorme pour ne pas connaître de chute. La tentation, qu’importe notre nature, ne cesse de se montrer sous tous les vêtements qui lui sont possibles de porter. S’il y a une chose que je ne supporte pas, c’est de me voir tomber. Je ne m’autorise pas à avoir droit à l’erreur, je m’en veux dès l’instant où je me retrouve à penser. Pourtant, j’essaye souvent de ne pas juger lorsque c’est l’autre qui le fait. Je tente de comprendre, atténuer le sentiment de malheur. Ça dérègle un homme de se croire bon, on finit par observer le monde avec un semblant de hauteur, comme si on était fait d’une tout autre matière. Je vous en prie, regarder moi tomber du haut de ma tour d’ivoire jusqu’à m’étaler sur ce sol rocailleux. Beau spectacle, n’est-ce pas ? C’est plaisant de voir un homme qui se pense grand se confronter avec sa nature véritable, la face collée au sol avalant la poussière qu’il a lui-même produite. Je ne me suis jamais senti autant moi-même qu’en cet instant, faible comme je le suis vraiment.

Après tout ce temps passé à vivre, j’ai plus honte de le dire. Je me dévoile de ce vêtement de pacotille que j’aimais à exhiber. Se présenter parfait, ça fait rêver, vous ne trouvez pas ? Derrière toute pièce d’or, il y a toujours une face moins étincelante. Il faut payer le prix pour briller en société. Moi, je voulais jouer au dur, faire gonfler mes muscles. Pour ça, j’ai arpenté les salles de sport jusqu’à ce que mon corps parle pour moi. Dans le fond, il faut le préciser, je n’avais guère changé, mais ça suffisait pour impacter le regard des étrangers. En somme, ce n’était que du pipeau, un modeste mensonge pour tronquer la réalité et se conformer. L’important, c’est rarement d’être fort, mais de le paraître. Regarde autour de toi, vois l’abysse qui existe entre les paroles et les actions, entre ce qu’on dit et ce qui est. Tu comprends maintenant ce que je veux dire ? Le monde n’est qu’une illusion, un bal masqué où tous les joueurs portent des masques. Les vrais, ceux qui ont l’expérience, ils ne s’y trompaient pas sur mon compte, ils peuvent voir au travers. Ils n’en ont que trop vu pour tomber dans le piège comme la plupart des gens. Il faut avoir ramassé bien des coups pour arriver à les parer.

Depuis, j’ai comme une épine dans le dos. Une douleur qui se propage partout avec un venin qui altère mes sens. Je suis sous tension, à tout moment, je pourrais exploser. Je le sens en moi, je suis un condamné à mort. Je ne veux juste pas mourir, elle devenait intéressante la vie. J’avais enfin trouvé l’amour, du moins j’étais en chemin. J’ai le cerveau qui n’arrête pas de penser, il cherche une échappatoire, un moyen de changer le passé. C’est dingue ce qu’on est prêt à faire lorsque notre vie semble en danger. En ce moment, j’ai des idées bien sombres, tellement sombres que je ne préfère pas les étaler. Si seulement vous les saviez, votre regard en serait tout étonné. Je ne suis qu’un homme, je vous l’avais pourtant bien dit, vil malgré mes beaux habits. Ne vous fiez pas aux apparences. On se vêtit d’un costume d’ange pour cacher notre part d’ombre, et au plus, on tente de s’élever et de s’extirper de notre pauvre condition, au plus, on se rend compte de notre bassesse et de notre nature profonde. Je vous en prie, ne scandez plus mon nom, je ne le mérite guère. Je ne veux pas d’honneur, non, je n’en ai jamais été digne. Faites-moi ce plaisir de me traiter pour ce que je suis, un homme bien bas en vue de ses aspirations divines.

Écrit le jeudi 20 janvier 2022.

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