Ecrits de passage

Le moussaillon.

De tes doigts néophytes
Tremblant de toutes parts
Comme la barque face au vent
Qui se déploie et emporte avec lui
Tout ce qui sur la terre et la mer se meut,
Prends la barre mon Fils.

Tel un loup de mer, envole-toi
Ne suivant aucun plan autre que les voix
Qui en toi s’établissent à même allure 
Que se dévoilent les profondeurs de ton âme.

Navigue où ton coeur pose pieds
Même si le sol ne te semble pas avenant,
Perce les voiles illusoires du temps,
Et vis intensément l’instant présent
Sans penser au prochain sentier
Qu’il te sera donné d’arpenter.

Qu’importe que tes aventures soient de courtes durées,
Au gré de tes envies, ne cesse de naviguer
Tant que de ta vie, tu tiens les rênes,
Et que d’aucune reine, tu n’es le roi.

Oh mon Fils, s’il-te-plait bien,
Pars au loin, plus loin que tes lointaines pensées,
Là où tu n’as pieds, où rien ne t’es familier,
Où personne ne connait ton identité
Qui, seul, il te faudra dévoiler
De la poussière du monde
Qui l’a ensevelie.

Pars mon Fils,
Et ne m’oublie pas 
Lorsque le mal te prendra,
Que le vent, en rafale, t’attaquera.
Je serai là, dans ses murmures,
Dans les silences qui envelopperont tes doutes,
Dans les tourments qui t’assailliront,
Dans les flammes qui sans cesse jailliront,
Et dans ton coeur qui, avec le mien,
Bat à l’unisson.

Toute ton aventure durant,
N’oublie pas qu’il m’importe guère
Que tu tombes, que tu faillisses ou que tu triomphes,
Du moment que ta vie durant,
Tu vis.

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