Ecrits de passage

Le manteau du pêcheur.

Homme issu de la terre, je ne suis rien d’autre qu’un semblant de poussière, un grain de sable dans l’immensité du désert. Ma vie se complaît de simplicité, de ces mets dont tous jouissent sans arriver à encore éprouver de la félicité. Le temps m’a travaillé, il m’a sculpté. J’ai fini par courber le dos en tentant de rester droit en esprit. Mon corps se rapproche de son berceau, de ce sol dont il est issu. Mes pensées ne se portent guère mieux. À force de vivre, elles ont fini par s’abaisser me poussant à agir à l’inverse de mon plus profond désir. J’ai fini par revêtir le manteau du pêcheur et pourtant, cela fait bien longtemps que mes filets n’ont plus ramené de quoi nourrir mon être.

Beaucoup me parlent du ciel. Ils me vantent sa beauté, les étoiles qui y naissent. Ma condition ne me permet pas d’élever les yeux. Mon corps me garde constamment couper de toute influence autre que celle de la chair, autrement dit celle de la terre. Mon dos courbé me pousse à ne voir que le sol, la boue et toutes ces bêtes qui rampent et ne cessent de s’agiter. Mes ambitions sont similaires à celles que tout le monde porte. Elles se limitent en affluence d’or et en l’illusion d’un futur empli de liberté, d’oisiveté.

Lorsque le calme m’apparaît, j’entends la voix des anciens me conter des histoires qui parlent d’étoiles, de sublimation d’un monde où le pardon est infini. Ils parlent de la nature première de l’homme, de son essence, celle qu’il aurait perdue en descendant sur terre. Apparemment, le lien s’est brisé, le lien qui permettait à l’homme de se redresser. J’en viens à me questionner sur ma nature, sur l’homme que je suis et celui que je pense être. Dites-moi, y aurait-il quelque chose de bon au fond de moi ? 

J’observe le monde qui vit autour de moi. Il existe tant de divergence entre les gens. Les possibilités me semblent infinies. Pourquoi me suis-je tant abaissé alors que le ciel m’appelait ? Je me rappelle de ces discussions autour du feu. De ces paroles échangées avec mes frères, avec des étrangers. Qu’importe le poids de la bourse, la finalité ne peut changer. Le noir s’inscrit et emplie la lumière. N’est-il pas question de laisser le soleil nous pénétrer pour que jamais ne s’établissent les ténèbres ?

Je ne cesse de penser depuis que ma curiosité a été piquée. Tant de questions m’obsèdent et si peu de réponses me parviennent. Je sens en moi qu’une variable a changé. Mon corps, lentement, se redresse tandis que mes pensées s’élèvent. J’espère un jour pouvoir revoir le ciel, moi qui n’ai cru qu’à son contraire. Où se cache donc la vérité, celle qui finit par nous éveiller ?

Ecrit le 04 janvier 2018, réécrit le 14 juillet 2021.

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