La vitesse pour seul compagnon, j’accélère à en perdre la raison. Seul sur ma monture, il n’est guère question de limitation. Elle et moi, moi et elle, ensemble, nous traversons ce que plus d’un considère être pure folie.
Sur mon destrier, le corps entier collé comme à une femme, tout devient flou.
Les décors si clairs quelques instants auparavant s’évaporent à mesure que passent les vitesses. Aveugles face à l’inconnu, chaque pas peut se transformer en un tombeau, chaque tournant, être le dernier, chaque instant, une envolée vers un monde nouveau.
L’adrénaline pénètre chaque parcelle de notre corps, tandis que la vent tente de freiner notre traversé. L’air refroidit par l’absence du soleil caresse notre peau. Du torse jusqu’au bout des pieds, le froid nous envahit. Mes dents, en paix à l’accoutumé, claquent sous l’emprise du temps. Le temps nous est compté, il nous faut avancer.
Notre destination est inconnue, seul le désir d’y parvenir nous maintient en haleine. La nuit se couche, le temps joue en notre défaveur. Accélérant à toute vitesse, ma monture s’élève vers le ciel, se cabre, crie de plus belle et s’élance à la poursuite du soleil qui de plus en plus s’efface en faveur de la lune. Vaine course que de vouloir devancer la vitesse de la lumière.
La nuit est pleine, le noir est total. Seul face au monde qui se présente devant nous, nous avançons sans regarder nos arrières. Le froid et les ténèbres sont à leur paroxysme, mais nos cœurs, eux, restent de lumière. Dans cette histoire, il n’est question de victoire ou de conquête, seulement d’aventure et de tressaillement.
Sur la route de tous les possibles, nous avançons sans crier gare. Intrépides, insouciants peut-être, mais bel et bien en vie. Il est bon d’être vivant, mais ne vaut-il pas encore mieux d’être en vie ?
Texte écrit le 21 juillet 2019.