Marchant la tête relevée, les yeux figés sur les nuages et les formes qui s’y dessinent, ma présence m’a quitté. La réalité est au devant et j’en ai perdu l’attention. Poussé par un vent inexistant, je me suis avancé sans me poser de question. Le sourire aux lèvres, j’en ai oublié d’être pleinement présent. Mon corps flotte au-dessus du sol, chacun de mes pas me propulsent de plus en plus haut. Euphorique, j’en oublie de garder les pieds sur terre. Tête en l’air, je n’ai su voir cet imprévu se présenter à mes pieds.
Il y a tant de questions sans réponse et de réponses sans question. Il en aura suffi d’une seule pour amener tout mon être à la réflexion. Je ne cesse d’y penser comme si une graine avait été plantée en moi. Mon esprit tente de s’en éloigner mais rien n’y fait, elle y est déjà inscrite. Comment savoir sans expérimenter? Comment articuler pleinement ma pensée lorsqu’elle n’a encore jamais cogité en ce sens? Mon être est empli de peur et de désarroi. Tous mes moyens m’ont quitté me laissant seul avec mon mutisme. Des paroles sans fond, des balbutiements sans sons, des explications sans queue ni tête sont sortis de ma bouche. Comment aurait-il pu en être autrement. Avant de s’exprimer, ne faut-il pas déjà savoir?
Savoir n’est qu’une étape préliminaire, une caresse avant un plus grand bien. Que sont les mots sans les oeuvres, qu’est-ce que le savoir sans l’expérience? Faire le point sur le passé et le laisser dans les abysses est une chose. Actualiser le présent et effacer les vestiges et fantômes d’auparavant en est une autre. J’ai fait l’erreur de prendre mon passé comme référence laissant mes peurs, mes craintes et mes doutes prendre le dessus. Ma voix était tremblante car elle n’était pas présente, elle était accordée au passé. D’ailleurs, aurais-je laissé passer l’occasion?
Rien n’est vraiment anodin. Cette impasse n’est pas vaine. Par sa présence, elle m’a poussé à revenir au présent des choses. Partant d’une simple question, une multitude de questions se sont présentées à mon esprit ne me laissant d’autre choix que d’y faire face et d’y apporter une réponse. Deux pas en arrière pour une infinité de pas en avant. Ce n’est pas parce que le sol parait propre qu’il ne faut pas passer le balai.
Choisir n’est pas de tout repos. Les décisions donnent un sens, une direction au présent à venir. Il est question d’agir en un sens qui nous est sage et lumineux. La vie regorge d’impasses et d’imprévus et cela est une bonne chose. Choisir revient à se concentrer, s’abstenir revient à se disperser. Face à cette impasse, mon être s’est dispersé à la recherche de réponses pour enfin se concentrer en une décision claire et limpide. Il faut être prêt à tomber pour surmonter une impasse. L’imprévu borde encore et toujours mon chemin et peut-être que cela est ce qui est prévu. Impasse, il me reste toujours à te franchir ou plutôt devrais-je dire, à exprimer le fond de mon désir.