II. Prison dorée.

Il m’est difficile à l’avouer, à le clamer haut et fort. J’ai honte depuis que ce sentiment a pris naissance en moi. Tellement de pensées ont fusé depuis. Je ne sais ce qui a poussé à ce qu’il apparaisse si vite, à ce qu’il me mène combat jusqu’à me faire tressaillir. Comme un enfant, je me sentis dépourvu et me questionna sincèrement sur la nature d’un tel sentiment.

Il m’est important d’ajouter, pour que la clarté se fasse, que mes pensées s’égarèrent, qu’elles n’arrivaient à rester ancrées au port. Elles s’envolaient, s’évadaient et naviguaient vers d’autres horizons comme pour indiquer que mon esprit, à plusieurs endroits, se déployait. Il partageait de sa présence, de son énergie ailleurs sans yeux pour le voir, oreilles pour l’entendre, de nez pour le sentir, seulement le coeur pour l’apercevoir.

Hier encore, mon coeur tremblait, il agitait mon esprit et chacune des parcelles de mon corps. Un sentiment grandissait et prenait entièrement possession de moi. J’étais comme un obsédé dont le désir et les yeux ne pouvaient changer de cible. J’étais comme victime, victime de ma propre personne. Il m’était impossible de m’extraire de ce dangereux sort.

Des pensées furieuses s’installèrent, une énergie dont la force m’était inconnue se manifesta. Je n’avais qu’un seul désir, abolir le silence depuis trop longtemps installé, dévoiler l’ensemble de mon être qu’importe les expériences passées. Ouvrir la voie pour que la vérité transparaisse et s’exprime sans aucune entrave, sans que l’égo s’en mêle et tente, de ses mains, d’empêcher la bouche à s’exprimer.

A mon désarroi, il en fut tout autrement. Ma parole se figea bien que mes envies souhaitaient suivre un tout autre chemin. A la place de la parole et de l’effusion de ce qui prenait place intérieurement, le silence s’imposa laissant le doute planer et cachant l’intérêt certain que j’éprouvais à l’égare de cette personne. L’envie de ne guère commettre d’erreur et, par inadvertance, de trop me dévoiler avant que la bonne heure sonne me gouvernait. Il ne fallut guère attendre pour que le vent changeât sous l’action de paroles échangées et de l’incompréhension face à l’énorme intérêt et attention lorsque nous nous retrouvions et l’absence de mots lorsque nos chemins se séparaient.

Il existe des prisons dont les barrières sont palpables, visibles aux yeux de tous. Elles ne se cachent pas, elles dominent la colline par leur aspect qui ne dissimule pas la nature d’une telle bâtisse. D’autres, dont personne ne connait l’existence mis à part celui qui en est prisonnier, existent et ne se remarquent pas. Je les nomme les prisons dorées, des prisons dont l’existence est pure folie. Elles se construisent à travers le temps, à travers les expériences dans le but avoué de protéger l’homme du dedans. Elles empêchent l’homme à jouir de la synchronicité, de résider dans le présent des choses. Elles barrent la route de tous les possibles par ses doutes, ses idées surannées et ses sensations qui perturbent la droiture et la clarté d’esprit du stoïque.

De cette prison dorée, je souhaite me détacher. Ainsi souffrir de mes choix éclairés, laisser la Vérité intérieure entièrement s’exprimer sans se soucier des aventures du passé. Endurcir au combat, à l’activité, l’être intérieur et connaitre, de ce fait, la félicité du combat menée avec le coeur, la souffrance de la pure action qui, peut-être, rate sa cible mais qui de par ses actions, demeure vivant.

Il y a pire que l’absence de souffrance. Il y a la souffrance de n’avoir été pleinement soi de peur des répercutions et de la finalité du combat, de suivre une voie dont le passé est maitre et où la sincérité de l’homme et de son coeur sont dissociés.

Laisse-moi la parole et exprimer ma pleine pensée. Toi, prison dorée, permet moi de souffrir de mes erreurs en ne faisant qu’un avec ma volonté. Otes-moi ce désir et cette propension à travestir ma pensée et mes actions  en ne voyant le but que comme une finalité et dans le désir occulte d’agir selon le regard de mes pairs, selon la normalité établie. Emprisonne-moi, si tel est ton souhait, mais de bonté, d’hardiesse, de témérité, de justesse et empathie envers l’homme, de respect envers le sacré sous toutes ses formes. Enveloppe-moi de lumière et charge sur mes épaules le marteau de vérité, cette croix invisible qu’il nous faut porter pour ne point s’égarer du chemin. Laisse la souffrance m’attaquer, je serai l’accueillir armé de mon sourire. Elle me rappellera ma pauvre condition d’homme, ma faiblesse face à mes vices et au monde, et me poussera à m’en remettre à Celui qui Sait et dont le visage est inconnu.

Prison dorée, ouvre donc cette porte qui, depuis trop longtemps, demeure fermée. Permet à la lumière de pénétrer en ton sein et de balayer, par ses rayon, ce lieu lugubre désormais déserté de son prisonnier dont la peur, ce sentiment premièrement énoncé en ce texte, s’emparait de lui après avoir côtoyé, durant de courts instants, une femme dont le regard et la personne le touchèrent probablement plus qu’il ne peut le comprendre.

Ecrit le jeudi 04 mars 2021.

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