Ecrits de passage

Devenir Noël.

Il arrive souvent que l’on hérite des habitudes, de l’histoire de nos pères sans en comprendre l’essence, la profondeur ni le sens. Tout, à un moment, finit par se perdre lorsque le relais n’est pas transmis. Le temps a ce pouvoir de couvrir du manteau de l’oubli toutes les choses qui naissent sur terre. Un début, aussi beau soit-il, connaît toujours une fin. À part, s’il ne s’inscrit pas dans le temps, mais dans l’éternité. Seulement, qui peut prétendre se soustraire du temps ?

On perpétue les coutumes, année après année, mais que reste-t-il du sens profond ? Je ne sais pas pour vous, mais j’aime à comprendre la raison de mes actes, le pourquoi derrière l’action. Parfois, on se trouve inspiré et une compréhension nous parvient et tout prend sens. On perpétue l’acte, mais avec conscience. C’est comme si le mort était devenu vivant, qu’il avait été ramené à la vie.

Noël, voilà une fête qui nous touche presque tous. On possède tous une définition qui nous est propre. Qu’elle soit religieuse ou laïc, la fête s’est imposée dans bien des foyers. Certains parlent de solstice d’hiver, que les anciens fêtaient le retour de la lumière après de longs jours avec peu de soleil. D’autres, s’en remettent à la nativité d’un homme qui a changé le cours de l’histoire. Enfin, certains y voient un homme, grand, en bonne chair, blanc de peau, de cheveux et de barbe. On le nomme Père Noël, un homme joyeux et généreux, qui part pendant une nuit entière à la rencontre des foyers pour y déposer par les cheminées des trésors et des cadeaux par milliers.

Derrière cette fête, on voit souvent un moment partagé en famille, autour de la table. Qu’importe qu’un sapin soit là, qu’importe que des cadeaux soient en dessous. Un moment où tout le monde se rassemble prend la place principale. On met les petits plats dans les grands, on se permet des largesses tant dans la nourriture que dans l’exotisme des repas. Il faut bien, de temps en temps, profiter de cette vie en s’offrant le luxe de l’abandon, pour une soirée au moins.

J’aimerais vous partager une pensée qui m’est venue hier, lors de l’écriture d’un texte bref au sujet de la veillée de Noël. Oublions les fêtes, oublions les cadeaux et les apparats. On fête Noël, mais qu’en est-il du fait de devenir Noël ? Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire, me direz-vous. Laissez-moi vous l’expliquer.

Les jours les plus courts de l’année se terminent. La lumière, petit à petit, regagne de son terrain. Un renouveau s’invite, bien avant l’avènement de la nouvelle année. Il peut aussi en être de même à l’intérieur de nous. Devenir Noël, c’est accepter ce renouveau en soi et s’offrir comme on offre un cadeau, en espérant toucher le cœur et montrer son affection. Sortir de soi, de l’égocentrisme et s’offrir au monde, à ceux qui nous entourent. Devenir un Noël, un moment où l’on se réunit, où l’on s’écoute, où s’écoule à nouveau la vie. Pas seulement pour un jour, non, mais pour une période infinie. Raviver les liens morts et leur laisser l’espace de se renouveler, de reprendre. Repuiser de cette source qui nous animait naguère, lorsque nous étions encore enfants. Cet esprit simple, enfantin et bienheureux. Sortir du matériel, des cadeaux, des festins et offrir ce qui touche l’âme : la sincère intention qu’importe la forme.

Devenir Noël, c’est aussi offrir au monde ses dons. Vous savez ce qu’on possède entre les mains et qu’on sait ne pas mériter. Ce sont aussi ces choses que le travail acharné nous a permis d’acquérir, ces choses viles que nous sommes arrivées à sublimer. Au final, il n’y a pas de vraie définition. Il s’agit plutôt d’un état d’esprit où l’on se donne pour que renaissent les sourires à l’entour de nous, jusqu’à ce qu’un changement opère pour nous tous. On peut tous les jours devenir Noël.

Écrit le samedi 25 décembre 2021.

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