Dehors, la pluie sévit et largue, à coup de gouttes, des émotions depuis bien trop longtemps enfuies. Debout, j’observe par la fenêtre un monde qui tente de s’exprimer. Touché par cette émotion exprimée, je vide mon esprit et le laisse se joindre à celui du monde.
La pression est grande, une chaleur immense m’étouffe et s’empare entièrement de moi. Elle m’envoie de part et d’autre du monde, là où le malheur s’exprime à l’aide d’un sourire, où la mort est vue comme une libération, où la vie n’est pas une danse tranquille, mais une course poursuite vers un idéal qui, en réalité, n’est autre qu’une nouvelle prison dorée.
Ici ou ailleurs, le sort est le même, les dés sont faussés. Il n’y a de paradis sur terre autre que celui qui se cache à l’intérieur. Je pleure de chaudes larmes et déploie ma peine des heures durant ne sachant me défaire de ce chagrin grandissant.
A l’expression de mon désarroi, le monde cesse son effusion. La pluie cesse de tomber, mais le mal ne s’en est pas allé pour autant. Dans son accalmie, l’esprit du monde se révèle à moi et me fait part de l’égocentrisme généralisé qui tue, ici-bas, le peu de bon. Il me dévoile le sort de ceux qui après nous, fouleront cette terre dévastée depuis que l’homme se prend pour roi. Pas un mot n’a été dit, et pourtant tellement de choses furent échangées. Toutes ces souffrances qui sans un mot, s’expriment. Derrière ma fenêtre, comme un homme caché derrière une forteresse, je sens mon impuissance face au monde, ma petitesse et mon inconscience journalière face à un environnement dont seul les faux semblants permettent d’y survivre. Aujourd’hui, l’air nous est encore accessible, mais qu’en sera-t-il de demain ?
Texte écrit le 27 juillet 2019.