De l’ombre à la lumière, l’illusion d’une réalité.

Toute histoire commence par:”Il était une fois” sans pour autant finir d’une manière qui soit prédictible. Passer de l’ombre à la lumière ne veut pas pour autant dire que la fin sera lumineuse, du moins pas telle que l’on peut communément l’imaginer. La vérité, aussi bonne soit-elle, peut-être ressentie comme un coup de poignard dans le coeur, comme une implosion de sentiment, comme une envie de ne jamais se relever, comme un désir de ne plus exister et pourtant, à terme, lorsque les premières émotions s’estompent, la lumière finit, bien souvent, par envahir l’être sujet au désespoir. Le brouillard se dissipe à mesure que l’oeil s’efforce à percevoir ce qu’il y a derrière le voile, à lâcher prise et à accepter la réalité et les évènements tels qu’ils sont et pour ce qu’ils sont.

Dans l’histoire qui précède celle-ci, la peine était purement interne, elle était due à une prise de conscience. La prise de conscience que rien n’est immuable et que, la seule manière de bien agir, est d’agir avec justesse en accord avec ce que l’instant présent nous insuffle. Les habitudes ou les bonnes intentions aussi pures soit-elles ne sont pas toujours les meilleurs conseillers. Nous ne savons rien et, de ce fait, il nous est impossible de poser, par nous-mêmes, l’action juste. Plus que toute autre chose, l’écoute sincère se doit d’être au centre. Toute chose dépend de son environnement et cela, je l’ai appris à mes dépends. Sourd par moment, il m’a fallu vivre à plusieurs reprises des expériences liées à cette fausse représentation que je me faisais. La faute est mienne. D’ailleurs, elle est rarement extérieure, elle résonne toujours avec une partie de nous qu’il nous est essentiel de mettre en lumière. Ternie dans l’ombre, cette part obscure attend que nous descendions au plus profond de nous-mêmes, là où le mensonge ne peut persister, armé d’une torche afin de pouvoir mettre en lumière ce qui a besoin d’être réformé. Il n’y a d’exception, toute expérience et tout accomplissement demandent une part de sacrifice. Sans cela, l’homme ne peut réellement évoluer de manière à ce que ses acquis traversent le temps. Il faut se dépouiller de ce que l’on a pour recevoir quelque chose de plus grand. La souffrance est un mal nécessaire, elle oblige à nous voir tels que nous sommes: rien de plus que des hommes. Elle oblige à faire abstraction de ses propres capacités et à s’ouvrir à une dimension supérieure où l’égo, nos fausses vérités et représentations ne peuvent agir en maitre. Souffrir est un bien nécessaire tout comme l’ombre est nécessaire à la lumière.

Dans cette histoire, je fus mon propre ennemi. N’écoutant pas la voix qui résonnait en moi, j’agissais à l’inverse de ce qu’imposait le bon sens. Les rênes étaient miennes, les possibilités étaient immenses et pourtant, de par mes actions et inactions, elles finirent par changer de main. De l’indifférence au désir pour l’un, du désir à l’indifférence pour l’autre. Mes mots n’étaient plus les mêmes, mes actions transpiraient mon nouvel état d’esprit. Désirant rattraper ce qui avait été perdu, je commis plus d’erreurs qu’il n’en fallut pour inverser définitivement la tendance et rendre impossible ce qui l’était il y a encore peu de temps. Son corps, ses courbes, sa finesse, sa légèreté emplissaient mon esprit. Mon désir grandissait à mesure qu’elle s’éloignait. Le goût de ses lèvres étaient encore inscrit sur les miennes. Plus le temps avançait et plus l’envie de parcourir l’étendue de ses courbes m’obsédait. Le contrôle ne m’était plus donné, le choix ne m’appartenait déjà plus, il me fallait la conquérir. Comment la courbe avait-elle pu s’inverser à ce point? Comment cette situation avait-elle pu se produire pour moi qui, il y a quelques temps encore, flirtais avec l’abondance? Tout était bien plus facile lorsque mon désir répondait encore absent. Malgré mon désir, je n’étais pas dupe pour autant. J’étais parfaitement conscient de la tournure future des évènements, mais il m’était impossible d’abandonner sans avoir été au bout de l’expérience. N’oublions pas qu’il y a un monde entre ce qui est perçu et ce qui est réellement. Si je ne vais pas au bout des choses, cela ne rend-il pas inévitable ce qui pourrait ne pas l’être?

Depuis que les voiles s’étaient dévoilées, le vent ne soufflait plus de la même manière. Toute avancé était impossible mais, qu’est-ce que l’impossible pour l’homme armé d’un désir ardent? Entreprises après entreprises, je creusais ma propre tombe. Faisant plus qu’il ne le fallait, parlant plus que je ne le devais, déclarant plus de choses qu’elle ne devait savoir, je dévoilai l’étendue de mes intentions. Lorsque l’inatteignable devient accessible, n’est-il pas normal de perdre tout désir? L’équilibre qui régnait jadis n’était plus. Ses gestes disparurent, ses actions s’amoindrirent, son attention changea de direction et, de moi, elle s’éloigna. A mon insu, le vent changea définitivement de camps

La peine qui m’habitait n’avait rien à voir avec la tournure qu’avait pris les évènements. Il est vrai que je désirais une autre fin, mais ce désir était plus lié à mon égo qu’à autre chose. Plus que de la peine, un sentiment de regret s’était emparé de moi. Je revoyais sans cesse les moments où j’avais laissé l’inaction dicter ma conduite, où j’avais laissé mes pensées prendre le dessus sur mes intuitions. Ma chute, je l’avais moi-même causée. J’en étais pleinement conscient et c’est cela, plus qu’autre chose, qui me chagrinait. Le combat que je menais était purement intérieur et était toujours le même: la conquête de ma voix, l’affirmation de mon Être, l’acceptation de pouvoir pleinement exister. Toutes les expériences qu’il m’était donné de vivre me demandaient de mener un combat contre moi-même, contre ma conscience, mes limites, mes pensées, … Il n’y a rien de plus pernicieux que l’esprit humain. Plus je me remémorais mes manquements et plus j’avais le sentiment de m’enfoncer une lame dans la poitrine. Echouer passe encore lorsque nos actions mènent à une telle finalité, mais laisser passer l’occasion par envie de bien faire ou par désir de ne pas heurter, quelle affliction. Les pensées et les envies que j’entretenais étaient peut-être bien loin de la réalité, peut-être qu’elles étaient purement illusoires. Ce sentiment de regret grandissant me rappelait à quel point l’action se devait, en toute circonstance, d’être maitre. Mieux vaut échouer en ayant affirmé sa réalité plutôt que de subir un échec, car l’on souhaite agir au mieux et d’attendre que les astres s’alignent dans le ciel. D’ailleurs, celle-ci s’alignent rarement parfaitement, c’est pourquoi la perfection n’a pas de raison d’être. Hélas, l’apprentissage est une quête de longue haleine et ne finit, bien souvent, jamais. Il me faudra encore tomber souvent pour mener à bien ma quête. La douleur fait partie du chemin et peut-être qu’elle en est la clef. 

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