Ecrits de passage

Dans les temps à venir.

Je me rappelle un temps qui remonte à plus loin qu’hier. Un temps proche du début de la vingtaine, lorsque les idéaux propres paraissent encore facilement atteignables et qu’aucune montagne ne fait de l’ombre à l’ambition d’un jeune homme en pleine capacité de ses moyens. Une période qui parait si lointaine que je ne pourrais reconnaitre en moi ce jeune homme.

En ce temps, le destin me mena à toi, il me mena à faire ta rencontre d’une manière inopinée. Tout était noir, la musique battait son plein. Je n’étais seul et toi non plus. Inconnu, nous dansions près l’un de l’autre faisant connaissance à travers de furtifs regards. Téméraire, je te touchais du bout des doigts, te caressais de mon regard et appréciais les étincelles qui jaillissaient de tes yeux. Tes yeux tout de vert, tes bruns cheveux, ta peau mate, ce sourire si rayonnant et ce regard qui ne me laissait indifférent. Tu étais de petite taille, pourtant tu me semblais plus qu’à la hauteur. Nous passâmes un moment où le temps ne comptait plus. Hors-du-temps, nous nous amusâmes et enivrâmes à mesure que passait la nuit. Nous n’étions pas seuls, le monde tournoyait autour de nous, mais de ce qu’il y avait autour, je n’en ai guère de souvenir. Nous nous rapprochâmes, de plus en plus, laissant nos corps se toucher plus intensément qu’une simple caresse. De ton regard, comme attiré, je me suis approché, rapprochant ainsi mes lèvres des tiennes. Fermant les yeux, je t’embrassai d’une douce manière qui contrastait entièrement avec la passion qui m’habitait. Je ne sais combien de temps dura ce baiser, ni combien de fois nous réitérâmes ce plaisir. Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui encore, le souvenir de ce moment passé, de ses plaisirs échangés me sont gravés dans la mémoire. J’ai toujours en souvenir cette légèreté que tu arborais, ce sourire si simple, si entier, si doux, face auquel je n’ai pu résister, ces lèvres touchées tant de fois qui me donnèrent envie de te chérir, de te goûter encore tant de fois.

Aujourd’hui encore, je me questionne et me demande comment est-il possible qu’une simple rencontre, qu’une soirée passée ensemble, que quelques baisés partagés puissent autant s’inscrire dans la mémoire d’un jeune homme et perdurer en souvenir des années durant, proche d’une décennie, alors que les souvenirs du jour s’effacent après consomption. Les émotions qui naquirent en moi me sont toujours accessibles. Il m’est possible de revivre ces moments, de me rappeler ces émotions ressenties, du goût de tes lèvres et de ce fort désir de te revoir et de réitérer cette aventure. J’ai amèrement regretté de n’avoir donné suite à notre idylle, de n’avoir fait en sorte de te faire part de mon désir de te revoir. J’aurais tant aimé faire le choix de prendre ta main et laisser tomber celle qui me tenait à ce moment et que je savais ne pas être la bonne, car oui, mon coeur était présent ailleurs. Une autre m’était promise et je savais ne pouvoir donner suite à ce qui se créait. Triste vie, lorsque ma main fut à nouveau libre, la tienne appartenait à un autre. Malheureux hasard que de vouloir une chose et d’être toujours en retard.

Heureux hasard, car le vent a tourné et nous a à nouveau rapprochés. Nous sommes, tous deux, l’un à côté de l’autre, nous promenant et échangeant nos premiers mots depuis ce fatidique moment. Je te regarde lorsque tu me parles et que ton regard s’égare ailleurs de peur de croiser le mien. Je te sens tremblante, à fleur de peau et cela ravive mon désir. Tu ne me vois pas, mais je succombe sous ces petitesses, ces petits gestes qui, certes, te paraissent faibles, mais qui te donne toute ta splendeur. Ces imperfections qui touchent mon coeur et te donnent, à mes yeux, tant de grandeur. Ton regard et ton sourire n’ont guère changé, ils expriment toujours autant de sentiment qu’auparavant. Tu as peur du silence qui peut se créer, moi, je l’attends pour pouvoir mieux t’observer, te pénétrer sans que les mots soient de mise, sans que notre attention se porte ailleurs que sur le moment partagé et le plaisir présent.

Depuis nos premiers temps, tant de choses ont changé. La vie et le temps nous ont changé. Je ne sais si nous sommes toujours les mêmes qu’autrefois, si tu es réellement cette fille dont le souvenir n’a cessé de me hanter depuis, ni même si ces baisés échangés ont également perduré à travers ta mémoire. Tant de questions se bousculent dans ma tête, mais le temps n’est pas à la réflexion. Je profite de cette rencontre, de ce moment, de t’avoir si près de moi, d’être à côté de toi. Je suis heureux, bien que je ne te le dise pas. De ton malaise, je m’en amuse. Je me rapproche de toi par moment, pose la paume de ma main sur le creux de tes hanches, t’observe lorsque tes lèvres libèrent tes pensées en espérant croiser le vert de tes yeux que tu n’oses m’exposer. J’admire ce visage, ce regard de feu et au fond de moi, il ne persiste qu’un désir : te découvrir dans les temps à venir.

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