Ecrits de passage

Comme une bouteille vide.

Sortir de l’illusion du confort n’est pas une mince affaire. On peut partir à des kilomètres de ses habitudes et de son chez-soi, cela ne change absolument rien. Je l’accorde, extérieurement tout diffère, le paysage, les gens, le contexte mais si nous regardons en profondeur, à l’intérieur de nous, tout est semblable.

Souvent, nous sommes amenés à croire que la distance possède des pouvoirs magiques. Pour certains, elle permet aux plaies de se cicatriser, aux larmes de cesser de couler. A d’autres, elle permet de se retrouver. Cela serait un mensonge de dire que ce n’est que pure fiction. Comme le temps, la distance possède des vertus qui lui sont propres. Pour que celles-ci puissent agir, encore faut-il que nous lui laissions de la place.

Même à des milliers de kilomètres, nous restons les mêmes vivant selon les mêmes rites, les mêmes habitudes et comportements. Une bouteille remplie qui se balade sans laisser l’inconnu l’habiter. Le voyage peut-il porter des fruits si nous ne venons pas vide ou du moins avec un espace vide? Tout n’est pas bon prendre, évidemment, mais tout peut l’être.

Mon premier voyage en ces terres d’Ecosse fut une révélation. La vérité est bien différente pour ce deuxième périple. Lors du premier, je n’étais pas dans l’attente, l’inconnu était complet. Je ne connaissais rien du pays, je n’attendais rien de lui. J’étais telle une bouteille vide et qu’elle ne fut pas surprise d’avoir été rempli à ras-bord! Ici, à Glencoe, j’espérais vivre la suite logique d’Edimbourg. Comment ne pas vivre intensément entouré de nature, entre cascades, montages, cerfs et moutons? Pourtant, je n’ai pas pu pénétrer les profondeurs de cette ville et lui rendre témoignage à travers mes écrits et mes clichés. Dieu seul connait l’étendue des merveilles que cette ville à offrir. Peut-être n’était-ce pas le bon moment, peut-être que le but de ce voyage n’était pas l’écriture ou le dépaysement ou peut-être est-ce là simplement une invitation à revenir. Le mystère plane mais tout porte un sens même s’il m’est encore impossible de le définir.

Neuvième texte issu de la série: « Le silence de Glencoe ».

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