Il faut être complètement fou pour se croire saint. Tu es sûr que tu t’es bien regardé dans la glace mon gars ? Tu veux que je te donne quelques gifles pour que tu recouvres tes esprits ? Reprends-toi, s’il te plaît, il y a des choses à respecter tout de même. Je sais que tu te crois sincère, mais franchement, tu te penses vraiment sans vice ? Je me trompe peut-être, il se peut que tu sois enduit d’une lumière toute autre, c’est fort possible. Après tout, il faut bien des exceptions pour confirmer la règle, n’est-ce pas ?
Mon expérience de vie à moi, elle est tout autre. Ce n’est pas pour faire le gars différent, j’ai passé l’âge de prétendre à ce que je ne suis pas, mais, la plupart du temps, ce qui est sûr, c’est qu’on est rempli de merde ! On pue tellement la mort qu’on ne le sent même plus, abruti qu’on est par la télévision et toutes les foutaises qu’ils nous font avaler à longueur de journée. Ce n’est pas tant notre faute,… Enfin, si, un peu quand même. Mais l’environnement est tellement pollué qu’espérer devenir autre chose, c’est être une exception, un mec qu’on qualifiera de bizarre toute sa vie.
J’ai connu cette misère étant jeune. On me qualifiait toujours de bizarre, alors que j’étais juste moi, tellement moi qu’on n’arrivait pas à me comprendre. Je n’ai jamais voulu me conformer, perdre de mon unicité. Pourtant, il le faut, si on souhaite un tant soit peu s’intégrer. Je dis tout ça, mais ça ne m’a pas empêché d’être un sacré enfoiré. Je n’ai pas non plus été une enflure de la pire espèce, j’aurais pu, mais j’ai laissé ce plaisir à d’autres. Ils le faisaient bien mieux que moi. Après tout, c’est tellement simple d’être mauvais, ça paie directement. Le revers de la médaille par contre, il fait mal lorsque le destin nous rattrape. Tout a un prix, et une limite dans le temps.
J’ai le sentiment que la vie commence vraiment lorsqu’on se rend compte de nos imperfections. C’est comme si elles nous sautaient soudainement au visage. On a beau regardé à gauche et à droite, une poutre ne quitte plus notre œil. C’est lourd à porter parfois, car on fait l’erreur de s’identifier à toutes ces choses qui nous paraissent si néfastes. Il faut bien commencer quelque part. Au moins, ce qui est pratique, c’est qu’on a la vérité devant nous et que le reste nous appartient.
Le choix est fort simple : fermer les yeux et continuer à vivre dans une illusion, ou ouvrir les yeux et tailler cette poutre pour qu’elle ne soit plus un mal, mais un bien fait. Personnellement, mon choix est vite fait. J’ai trop côtoyé les illusions que pour les accepter. De toute manière, la vérité finit toujours par se monter, ce n’est qu’une question de temps, rien d’autre. Tu ne peux pas fuir l’inévitable éternellement. La vie, elle a un début et une fin, tu crois sincèrement pouvoir la surpasser ? Ma foi, il appartient à chacun de choisir. À la bonne heure, tous finiront par comprendre.
Je sais que j’ai commencé ce texte sous un ton un peu violent, et que je le finis sur une note plus douce. Le fait de l’avoir exprimé m’a permis de me calmer et d’embrasser un regard plus pacifique. Ce n’est pas négatif que de se savoir rempli de merdes, tout au contraire. Il faudrait remercier pour ça, c’est une grâce que de se voir comme on est et d’arriver à percevoir nos défauts. On sait sur quoi travailler, on sait les éléments qu’il nous est nécessaire de parfaire, et ça, c’est une bonne nouvelle.
Je suis reconnaissant dans le fond, même si ça ne se voit pas. Si je parle autant des crasses qu’il existe en moi, c’est puisque je veux les voir s’exprimer, les mettre à la lumière pour qu’elles puissent s’y résorber. Je n’ai pas trouvé d’autres manières d’extraire le mal en moi, il faut m’excuser. Après, je trouve que c’est une belle manière de montrer qu’on est tous des hommes, et que nos épreuves, bien que différentes, se ressemblent dans l’essence. Dans tous les cas, je souhaite bonne chance à tous ceux qui rencontrent cette situation. On ne sera peut-être pas des saints, mais on ne finira pas comme des malpropres, et ça, ça fait déjà toute la différence.
Écrit le 19 janvier 2022.