Ecrits de passage

Chapitre sixième – Exaltation.

Le temps est vu telle une illusion lorsque le coeur sort du précipice qui le maintient latent et qu’il se délie des chaînes qui l’incombent. Des profondeurs qui l’habitent, jaillissent des chants qui se perdent dans l’incompréhension générale. Son langage n’est pas de mots, mais ses pulsations ne peuvent mentir. Son battement anime l’homme que je suis ne lui laissant de repos même lorsque le corps vient à s’endormir. Ma bouche est muette et mes yeux communiquent bien plus qu’ils ne le devraient. Vulnérable, car à fleur de peau, silencieux car les mots ne sont pas assez forts, bavard car le silence trahit ce qui au-dedans ne peut se trahir. Avant d’être vivant, il en faut bien du temps. Mes sentiments se dévoilent aux compte-gouttes et, de seconde en seconde, nourrissent mon être d’une exaltation sans pareil.

Les sentiments surgissent du néant ne laissant au porteur l’opportunité de donner son avis. Peu de chose suffise à la naissance des prémices d’un amour. Il suffit d’un instant, d’un moment, d’un regard pour que l’esprit se retrouve emprisonné entre paradis et enfer. Paradis lorsque les deux tourtereaux se retrouvent et échangent sans un mot, en un regard, en une expiration, l’expression intime de ce qui s’agite à l’intérieur. Au sein de cette oasis, le temps est une entrave que l’on souhaiterait oublier. On aimerait vivre intensément le début sans jamais entrevoir la fin. L’un avec l’autre, pleinement présent, les maux disparaissent et les mots ne sont plus nécessaires. L’âme prend le relai et s’exprime en sensations que seul le coeur peut embrasser. Les yeux pétillants, je fais face à une femme dont le regard me fait frémir. Mon coeur a déjà rendu l’âme, son visage étincelle, son sourire m’illumine. Ce qui est aux alentours s’efface. Face à elle, je me situe hors du temps.

L’envers de la médaille n’est jamais bien loin. La paradis s’efface et l’enfer se dévoile lorsque le temps revient à la charge. La séparation est tel un coup de poignard qu’il faut endurer jusqu’à la prochaine revoyure. La blessure se développe s’exprimant à travers le manque, les rêves et les pensées qui ne peuvent plus quitter la personne désirée. Tout est accentué et le seul réconfort se dissimule dans les souvenirs de ces moments passés, de ces sensations qui depuis ne nous ont pas quittés, des émotions qui, jusqu’à ce jour, nous donnent le sourire, des sentiments qui, depuis, ne cessent de grandir. En vérité, l’enfer ne se dévoile qu’en l’absence de sa présence. Un mal nécessaire pour apprécier ce qui apporte tant de félicité. Peut-être que les limites donnent un sens à l’infini, peut-être que l’enfer est ce qui permet de bonifier le paradis ou peut-être que son absence est ce qui donne toute la vigueur à ce qui agite mon coeur.

L’aventure se poursuit sans que l’esprit prenne le dessus. Dans cette histoire, l’invisible a depuis le début pris les commandes. L’heure tourne et arrive à son terme. Ce n’est pas une page mais mon coeur qui se déchire. Avant de nous retrouver, il y a encore tant de montages à escalader.

Quitter la version mobile