La pluie ne cesse de tomber depuis un long moment. Le temps comme les éléments se déchainent. Suite aux assauts incessants du temps, mes chaînes d’aciers commencent à rouiller. L’heure tourne et pourtant, tout reste figé. La lune a pris la place du soleil ne le laissant se manifester qu’à travers elle. Les seuls rayons de soleil sont ceux qui se glissent dans les pensées qui animent mes nuits.
Par une Grâce divine, la pluie a fini par tomber nettoyant ce qui devait l’être. Le vent par un souffle féroce a balayé toute trace du passé ne laissant que l’essentiel sur pied. Mes chaînes ont fini par rendre l’âme faisant de moi un homme libre. Le poids constamment présent sur mes épaules m’a été ôté, la noirceur présente en mon coeur s’est dissipée et la clarté qui jadis m’a permis de survivre m’est revenue.
Une nouvelle fois, la mort s’est présentée sur mon chemin ne me laissant d’autre choix que de l’affronter. A maintes reprises dans le passé, j’ai fui ce combat croyant que la magie du ciel finirait par m’épargner. Fuir son destin n’est qu’un doux mirage, il finit toujours par nous rattraper. La mort, elle, ne m’a pas épargné, elle m’a transpercé de toutes parts. Aussi fou que cela puisse paraitre, à travers ses coups, elle m’a délié. La douleur qu’elle m’a infligée était un mal nécessaire. Il me fallait grandir et seul la souffrance oblige à reprendre le souffle.
Aujourd’hui, j’observe le paysage présent devant moi. La pluie a fini par s’arrêter laissant des gouttes perlées le long des murs. La brume a fini par s’écarter de ma vue enlevant les filtres que je m’étais imposé. Le sommet de la Montagne m’est encore impossible à voir mais sa base est désormais à découvert. Le chemin avant de pouvoir l’escalader semble périlleux mais là n’est pas mon inquiétude. En moi, un changement a fini par s’opérer.
En mon coeur, je sens un feu se raviver. Les étincelles qui étaient presque éteintes ont fini par brûler. Le cheminement est rarement linéaire, plusieurs itérations sont nécessaires avant que le changement puisse réellement s’inscrire. La chair est faible et ce n’est rien que de le dire. Vivre, c’est mourir constamment et changer revient à s’ajuster inlassablement.
Dix-septième texte issu de la série: « Le silence de Glencoe ».