Qu’est-ce que la force lorsque le monde s’acharne laissant sans voix, sans espoir et sans motivation celui qui subit ses assauts? Comment peut-on juger l’homme lorsque l’on ne connaît pas le combat qui sévit à l’intérieur? D’apparence, rien ne semble avoir changé depuis le début. Les jambes tremblantes mais le corps reste droit. Il est question de volonté, de la volonté d’être homme et cela qu’importe le prix. C’est d’ailleurs en refusant d’avancer à reculons que l’enfant vient à muer.
Avant la fin, les possibilités paraissent encore infinies. L’impossible n’est que difficilement imaginable et peut-être est-ce cela qui est le plus destructeur. Croire alors que tout s’effondre. Croire en une fin lumineuse alors que tout est déjà clair. Cela revient à se laisser berner par une réalité surannée. La bêtise humaine amène communément à vouloir ce qui n’a pas lieu d’être et à rejeter ce qui est porteur de sens. Je pense que les anges peuvent m’en être témoins.
Avant la fin, la négociation bat son plein. La mort est une réalité dure à accepter et faire son deuil n’est pas une chose aisée. La négociation semble être la meilleure des solutions même si dans les fait, tout prouve le contraire. La quiétude d’esprit s’acquiert lorsque l’homme parvient à naviguer sur le cours de la vie sans chercher à s’attacher aux évènements qui se présentent. Comme pour l’océan, la vie n’est que mouvement et pourtant, nous vivons comme si elle était pleinement statique. Pourquoi tenter de retenir ce qui cherche à s’enfuir? Lorsque l’Essentiel est mis au centre, l’attachement n’a plus lieu d’être.
Avant la fin, la mémoire se délie faisant perdre la tête à celui qui s’y fie. Construite d’habitudes, elle tente de faire revenir à l’état initial laissant supposer que le meilleur réside dans le passé. Aveugle, elle ne peut se laisser aller au présent des choses. Elle est une illusion constante coincée dans un passé qui n’a plus lieu d’être. Peut-être est-ce là qu’il faudrait la laisser.
Avant la fin, le combat s’intensifie. Comme toutes luttes, les derniers pas sont ceux qui sont les plus lourds. Se battre n’est pas le plus ardu. Paradoxalement, planter la dague dans le coeur de l’ennemie est ce qui requiert le plus de force. C’est souvent lorsque l’on est sur le point de gagner que l’on perd toute hardiesse. A croire que la vraie force se cache dans l’esprit plutôt que dans la chair.
Tout au long du processus, le tout n’est pas de gagner. Il est question d’être authentique par rapport à soi et au monde. Il est question d’inscrire de sa main avec l’assistance de son coeur ses propres lignes. La vie n’est qu’un miroir reflétant ce que nous ne souhaitons pas voir. Le bourreau n’est pas toujours celui qui semble nous porter le coup mais encore faut-il la présence d’esprit pour distinguer le juste de l’injuste. Là se dissimule également un combat qui ne peut être remporté qu’avec la main de Dieu.
Avant la fin, le pardon se doit d’être de mise. Il a été dit, soyez miséricordieux, pardonnez et vous serez pardonnés. Tout comme la conquête qui pour être visible doit d’abord être intérieure, la libération avant de se manifester en un degré visible commence à l’intérieur. Le coeur n’est pas fait pour porter de la rancoeur ou de l’amertume. Il est fait pour vibrer et émaner sa présence. Qu’on se le dise, celui qui donne recevra. Il n’y a pas de bourreaux ou de victimes, il n’y a que des acteurs.
La fin n’est qu’un passage, un mal nécessaire pour un renouvellement. Le phénix n’est pas qu’un symbole, il dénote une réalité pour qui ne se perd pas dans les abysses de ce monde. La mort est constante, elle ne se résume pas en un dernier soupir mais en une série incommensurable. Finalement, dans un monde temporel où tout ce qui vient à la vie vient à mourir, n’est-il pas sot de croire en l’éternité des choses?