Usé des masques et du paraitre,
De la bienséance et de la bonne action,
Je m’enfonce dans les abîmes du monde,
Là où la vérité seule subsiste,
Là où la beauté disparait
Au profit du vil,
Du moche,
Du réel,
Du nous,
Du moi,
Du je.
Au coeur des enfers,
J’entrevois mon visage dans les miroirs
Qui bordent le domaine tout entier.
Quel est ce mal que je vois à l’extérieur,
Si ce n’est celui enfermé à l’intérieur,
Celui qui fait de moi ce que je suis,
Qui souhaite me définir,
En un seul terme :
Je.
Comment définir l’homme
Autrement que par ce qui le tire vers le bas,
Ce qui entache sa blanche robe
D’innombrables tâches noires
Que seul le temps, l’espérance et l’expérience
Transformeront, un jour, par grâce,
En un blanc étincelant.
Ici-bas,
Aux yeux de tous,
Le bronze et le faux brillent plus que l’or et le vrai.
Le feu de la douleur n’est plus un composant
De la valeur d’un homme accompli,
D’un homme au regard droit.
Que vaut le fer s’il n’a été éprouvé,
Que vaut l’homme s’il n’est passé par le feu des enfers,
Quelle est la valeur du vivant s’il n’est passé par la mort,
Que valent les étincelles si le marteau ne frappe sur l’établi,
Que vaut le fer si jamais le feu ne l’a brulé et donné forme par sa chaleur ?
Dites-moi,
Que suis-je,
Si ce n’est une illusion
D’une réalité bien trop mal interprétée,
Observée à travers un filtre bien trop complexe
Que pour seoir à la compréhension humaine.
Je me questionne quant au vrai,
Quant à celui qui ne se trompe jamais,
Celui dont tout est issu,
Dont rien n’est étranger,
Celui pour qui l’erreur se confond avec la perfection.
Une erreur dans un monde parfait,
Un étranger sur sa propre terre,
Un aveugle dans un monde de voyants,
Un sourd entouré de bien parlants,
Un homme mort aux yeux des autres,
Un vivant aux yeux des morts,
Un homme qui n’est rien,
Qui ne souhaite plus,
N’espère rien
Si ce n’est la fin.