J’ai grimpé et conquis le Arthur Seat mais là n’était pas mon Everest. Mon Everest a été en chacun de mes pas et dans la découverte de cette colline, voisine dont personne ne se préoccupait. Plus petit, inconnue et sans nom, elle était invisible à ceux qui ne gravissaient que pour la renommé. Charmé, je m’avançai, d’un pas vif et confiant, vers elle. Emerveillé par son calme, je l’inspectai entièrement tentant de découvrir chacun de ses coins et recoins. Dans son abandon, elle se révéla à moi confiant ses peines, ses rêves et douleurs. Bien qu’inexistante pour beaucoup, assis sur le sommet de son crâne, sans le vouloir, elle m’inspira des lettres, des mots, des phrases qui ont donné naissance au texte que vous lisez.
Maintenant que j’y pense, la conquête de la montagne n’était, peut-être, au final, qu’une excuse pour tenter de me conquérir. Se découvrir en découvrant le monde, en faisant face à l’inconnu et en l’affrontant. Je vous mentirais si je disais être parti rempli de confiance. Mais qu’importe à quel point nous pouvons être tremblotant face à l’inconnu du moment que nous agissons, cela ne revêt pas la moindre importance. Agir, être en action, prendre le taureau par les cornes, voilà de quoi il est question.
Tout comme la vérité, la réalité est rarement ce que l’on pense. Elle nous dépasse toujours. Je pensais connaitre les raisons de mon départ mais en vérité, je n’étais qu’un ignorant. Tout chevalier poursuit une route dont il ne connait le dessein et, certainement, est-ce mieux ainsi. Sachez-le, je n’ai pas la prétention d’en être un, seulement l’ambition d’en devenir. Que peut-on faire de mieux que faire confiance à la vie, à ses signes, à ses murmures et folies? Sur cette route, je suis à nu et cela ne me dérange guère plus. Je sais que je ne sais rien et cela ne me déshonore plus. Je suis là où je n’aurais jamais cru être et, paradoxalement, je suis là où je devais être. Je me laisse guider par le vent, volant comme lui, là où résonne le son de la vie. Je ne sais où tout cela me mènera mais mon esprit est calme et apaisé, tout comme l’est la montagne car c’est ici que se termine la conquête de la montagne perdue.
Septième texte issu de la série: « Ecrits d’Edimbourg ».