A la conquête de la montagne perdue – Partie II: Le chemin.

Une montagne se dessine devant moi. L’inconnu m’entoure de toute part. J’avance, à un rythme soutenu, l’excitation me poussant à la hâte. Ma montre indique qu’il est 10:00. Nous sommes en plein mois de novembre. La route est bordée par de l’herbe encore gelée de la nuit dernière. Le soleil surplombe la ville, faisant oublier la température proche de zéro. Gauche ou droite, je me tais et laisse mon être pleinement s’exprimer. A chacun de mes pas, mon esprit se vide de plus en plus, laissant place à un sentiment d’exaltation. A croire que le bonheur, est dans le simple fait d’avancer.

Durant mon ascension, une infinité de chemins se sont présentés à moi. Et il est vrai, dans un premier temps, j’ai suivi celui qui était suggéré et dont tout le monde suivait comme s’il était le seul qui existait. Qui-a-t-il de plus destructeur que de simplement suivre un chemin dont je ne connais les tenants et aboutissants? Ferais-je donc plus confiance à des personnes dont je n’ai jamais vu le visage plutôt qu’à ma propre intuition. Le monde est folie! Nul n’est semblable et nul ne devrait suivre un chemin qui n’a pas été dessiné par ses propres mains. Je me révolte car à cette pensée, mon coeur saigne. Je me révolte car j’ai commis, depuis trop longtemps déjà, cette erreur. J’ai éteint mon intuition, laissant vents et marées décidés pour moi l’endroit où mon âme allait chavirer. J’ai donné les clefs de mon avenir ne sachant que la seule destination possible était celle de la déception. Mais peut-être était-ce là simplement mon chemin. Apprendre à naviguer sans tenir le barreau, apprendre à naviguer en pleine tempête, apprendre à respirer sous l’eau, apprendre à accepter de mourir, apprendre à ne pas exister. Il parait que toute chose prend sens à la fin et que la patience est une vertu. Ainsi, prendrai-je mon mal en patience.

J’ai décidé de quitter la route et d’explorer les voies avoisinantes. La solitude ne me fait plus peur depuis longtemps. Je ne cherche plus à contenter la foule, mon plaisir se trouve à son écart. M’écartant de ce chemin, je me rend vite compte que mon esprit aussi s’écarte de ses pensées. Le chemin que nous choisissons, serait-il aussi vivant, transmettant ses pensées, ses limites, ses idées et ses ordres. A croire que tout vie, même ce qui semble n’être qu’objet. J’ai cessé de réfléchir, je laisse mon esprit s’exprimer en mes pas, mon regard, mes choix. Je sens un vide immense en moi et bizarrement, je ne pense m’être jamais senti aussi rempli. La délivrance se cache dans l’action. J’avance sans me soucier du chemin, j’avance là où il n’existe de chemin. En d’autres mots, j’avance sur mon chemin laissant venir à moi tout ce qui doit l’être.

Cinquième texte issu de la série: « Ecrits d’Edimbourg ».

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